L'ensemble des acteurs sociaux, politiques et économiques ont exprimé leur totale satisfaction à la suite de la décision royale de gracier 33 détenus politiques et de créer l'instance "équité et réconciliation" chargée d'apurer d'autres dossiers litigieux. Le militantisme doit se poursuivre : Abdelhamid Amine, secrétaire général de l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Tout d'abord, je tiens à exprimer ma satisfaction pour la libération des détenus à caractère politique. C'est le fruit d'une lutte constante des défenseurs des droits humains et de l'opinion démocratique. Toutefois, à l'AMDH, nous avons regretté que cette décision soit partielle. Et pour cause, un certain nombre de détenus sont toujours en prison. C'est le cas de deux militants de l'AMDH. Autre regret: c'est qu'il s'agit d'une grâce simple et non pas d'une grâce amnistiante, qui annule totalement la peine. C'est pour ces raisons qu'il va falloir poursuivre notre lutte. Afin de mettre un terme aux violations des droits humains dans leur ensemble, et pas seulement ceux à caractère politique. Notre but est d'aider à la création d'un véritable Etat de droit, notamment en dotant notre pays d'une Constitution démocratique. Une mesure positive : Mohamed Sebbar, secrétaire général du Forum Vérité et Justice. Nous sommes, au Forum Vérité et Justice, totalement satisfaits de l'annonce de la grâce royale octroyée à plusieurs détenus politiques et d'opinion. Nous considérons donc cette mesure comme positive. Cependant, nous avons remarqué que certains prisonniers n'ont pas été concernés par cette mesure. La liste des noms des détenus que nous avons remise au ministre de la Justice et à certains groupes parlementaires compte d'autres prisonniers. En tout cas, nous espérons que cette démarche ne soit qu'un début. Quant à la commission "équité et réconciliation" chargée d'apurer d'autres dossiers de notre histoire, nous avons toujours dit que son action ne peut être efficace que si les prisonniers politiques sont relâchés. C'est un préalable important. La transparence et la visibilité : Hassan Chami, président de la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM). Une chose est sûre: tout ce qui va dans le sens de la transparence sert la cause du développement économique du pays. La décision royale de gracier des détenus politiques est une décision importante. Elle peut même inquiéter les milieux conservateurs. En tout cas, c'est une mesure qui s'inscrit dans le cadre de la nouvelle politique du Maroc, soucieuse du contexte international et respectueuse des valeurs universelles. Aujourd'hui, il n'y a plus de tabous. Tous les problèmes peuvent être soulevés. C'est notamment le cas de la Justice qui nécessite une réforme rapide. La transparence et la visibilité sont des impératifs pour la construction d'un Etat de droit et le combat de l'impunité. Pour mettre un terme aux abus, il faut que les citoyens soient conscients de leurs droits. Pour une démocratie authentique : Abderrazak Afilal, député istiqlalien et secrétaire général de l'UGTM. Personnellement, j'ai toujours dit qu'il faut instaurer une démocratie authentique et non pas une démocratie de façade. Il faut entendre par là, le respect du droit à l'opinion, le respect de la presse, des libertés syndicales, etc. A l'époque du règne de feu Hassan II, j'ai eu l'occasion de militer en tant que membre du Conseil consultatif des droits de l'Homme pour le respect de ces libertés et de ces droits. Nous sommes ainsi arrivés à la libération de plusieurs détenus. Mais depuis, nous avons observé un certain relâchement surtout concernant la liberté de la presse. Un journaliste a le droit de critiquer le gouvernement et même l'entourage du Roi. J'étais présent à Agadir quand SM le Roi a décidé de gracier les 33 détenus. C'est une très bonne chose. Le Maroc doit s'occuper des défis internes et externes. Pour cela, il faut que nous soyons soudés. Une démarche courageuse : Saâd Eddine El Othmani, secrétaire général adjoint du PJD. Nous considérons la décision royale de gracier 33 détenus politiques et de créer une commission pour apurer les dossiers litigieux comme deux démarches importantes et courageuses. Elles ouvrent toute grande les portes de l'espoir pour un avenir meilleur dans notre pays. Nous ne pouvons donc que nous en féliciter. Par ailleurs, je tiens à rappeler que parmi les personnes libérées, figurent des islamistes qui ont passé des dizaines d'années en prison. Nous avons milité depuis longtemps pour qu'ils soient graciés au même titre que les autres détenus. C'est le cas des journalistes dont la mission est noble et qui doivent bénéficier d'une bienveillance particulière. Enfin, nous espérons, au PJD, que les autres dossiers avancés par les ONGs et les partis politiques bénéficient de cette même bienveillance de la part de l'Etat et du gouvernement. Il faut tourner la page du passé : Abdellah El Oualladi, secrétaire général de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH). La décision royale de gracier plus d'une trentaine de prisonniers d'opinion est une initiative louable, réclamée depuis longtemps par l'ensemble des défenseurs des droits de l'homme au Maroc. Plusieurs de ces prisonniers avaient été jugés à la suite de procès où toutes les conditions d'une bonne justice n'étaient pas réunies. Actuellement, je n'ai pas eu la connaissance de la liste des personnes graciées. A ce titre, je rappelle que l'OMDH diffusera bientôt un communiqué qui traitera de cette question. Pour ce qui est de la commission qui se penchera sur les dossiers litigieux, nous espérons qu'elle mettra en exergue toute la vérité au sujet des violations commises dans le passé, leurs circonstances et leurs répercussions sur l'avenir du pays. En fait, le plus important est que ces crimes ne se reproduisent plus, pour que nous puissions tourner une fois pour toute la page du passé.