Le discours d'Agadir de S.M le Roi a rencontré des échos favorables auprès de divers acteurs de la société qui ont salué à l'unisson une démarche empreinte de pertinence et de sagesse. Les nihilistes de tout bord ont, comme à l'accoutumée, péché par une vision très réductrice de la ferme volonté de tourner la page du passé et de gracier 33 détenus. L'installation, mercredi, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI de l'instance "Équité et Réconciliation" et la grâce accordée par le Souverain à 33 détenus, ont été unanimement saluées par toutes les forces politiques et les acteurs de la société civile tant au niveau national qu'international. Ces deux événements, qui constituent un pas grandiose sur la voie de la clôture définitive du dossier des violations passées en matière des droits de l'Homme, ont fait l'objet d'une conférence de presse tenue par le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, mercredi à Rabat. Le ministre de la Justice a ainsi donné des explications sur la portée de ces deux décisions historiques et a présenté un large aperçu sur les détenus ayant bénéficié de la grâce royale et a annoncé officiellement qu'il n'existe désormais aucun détenu politique au Maroc. "Nous sommes en droit d'affirmer qu'il n'existe plus au Maroc de prisonniers politiques, sachant que le concept de prisonnier politique, tel que défini à l'échelon international, désigne toute personne détenue pour avoir défendu ses idées sans recourir à la violence", a annoncé solennellement M. Bouzoubâa. Le ministre a aussi estimé que "les associations de défense des droits de l'Homme peuvent s'estimer satisfaites de voir leur lutte donner aujourd'hui ses fruits". Au début de la conférence de presse, le titulaire de la Justice a tenu à faire un rappel de tous les pas qui ont été franchis par le Maroc dans le domaine des droits de l'Homme et la consécration de l'Etat de droit et ce, depuis 1990, date à laquelle feu SM Hassan II a mis en place le Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH). C'était le début d'un processus qui vient d'être couronné par l'installation par SM le Roi de l'instance «Équité et Réconciliation» dont les travaux devront clore définitivement la page des violations passées des droits de l'Homme. Le ministre a ainsi affirmé que c'est dans le même cadre que s'inscrit la décision du Souverain de gracier un certain nombre de détenus de la peine d'emprisonnement et d'amende, en réponse à plusieurs requêtes de grâce émanant des intéressés ainsi que de différents milieux, tant au Maroc qu'à l'étranger. Ces personnes graciées appartiennent à plusieurs groupes dont celui des condamnés dans le cadre de l'affaire Omar Benjelloun, et celui des personnes poursuivies dans l'affaire de trafic d'armes entre l'Algérie et le Maroc, connu sous le nom de "groupe Ighiri Hassan". La liste des bénéficiaires de la grâce royale comprend aussi le groupe de Mohamed Rachid Chrii, membre de la section de Safi de l'Association marocaine des droits humains, des journalistes ainsi que le groupe des personnes originaires des provinces du Sud. S'agissant du groupe des meurtriers de feu Omar Benjelloun, le ministre a précisé que "la grâce dont ils ont bénéficié a été décidée en tenant compte de l'avis de sa propre famille ainsi que de sa famille politique qui ont fait preuve d'un esprit de tolérance louable en donnant suite aux sollicitations des familles des intéressés pour les faire bénéficier de la grâce". À leur sortie des différents centres pénitenciers où ils purgeaient leurs peines, les bénéficiaires de la grâce royale ont salué l'initiative de SM le Roi Mohammed VI. Hakimi Belkacem, qui a été condamné en mai 1985 dans l'affaire de la jeunesse islamique Groupe 26, a estimé, à sa sortie du complexe pénitentiaire Oukacha de Casablanca, que cette grâce Royale apporte la preuve irréfutable que le Maroc "tournera définitivement la page du passé pour s'atteler à la réalisation du développement et à l'édification d'une société moderne et démocratique". Il a saisi cette occasion pour appeler à la mobilisation de toutes les composantes de la société marocaine derrière SM le Roi Mohammed VI, "le Roi jeune, démocratique et moderniste" pour l'édification d'une société démocratique et moderne, estimant que "la lutte doit être menée dans le cadre de l'action démocratique, loin de tout extrémisme". Par ailleurs, l'installation de l'instance "Équité et Réconciliation" et la grâce royale ont été saluées par les leaders politiques nationaux et les organisations de défense des droits de l'Homme. Le Premier secrétaire de l'USFP, Mohamed Elyazghi, a exprimé la satisfaction de son parti après l'installation de cette instance, qui "constitue une page lumineuse à l'actif de SM le Roi" et "permettra au Maroc de tourner une page difficile de son passé et d'ouvrir de nouvelles perspectives, marquées par le respect des droits de l'Homme et la large participation du peuple marocain à l'édification d'une société démocratique moderniste". De son côté, le secrétaire général du parti de la Gauche Socialiste Unifiée (GSU), Bensaïd Aït Idder, a considéré que "ce pas est très important pour le Maroc qui chemine dans le bon sens en vue de tourner la page des détentions politiques et ouvrir la voie devant le progrès démocratique du pays, ainsi que pour l'opinion publique qui nous soutiendra dans cette orientation". En somme, le pas franchi par le Maroc, mercredi, est un pas grandiose qui l'introduit définitivement dans l'ère de la démocratie et de l'Etat de droit. Avec la clôture définitive du dossier des droits humains, les Marocains consacreront désormais leurs efforts à la construction d'un Etat moderne et développé aux niveaux économique et social.