Le débat suscité autour de la crise actuelle de l'USFP a permis d'aborder de front la question salutaire de son redressement, affirme Rachida Benmassaoud, membre du bureau politique du parti. ALM : Quelle lecture faites-vous de la crise que traverse actuellement l'USFP? Rachida Benmassaoud : La crise de l'USFP fait partie de la crise générale que connaît la scène politique nationale. En ce qui concerne notre parti, qui reste en dépit de tout un acteur politique principal, il y a lieu de noter que ses raisons directes sont liées aux résultats du scrutin législatif du 7 septembre dernier et aux dernières tractations pour la formation du gouvernement Abbas El Fassi. Nos problèmes sont également dus à des raisons internes au parti, que l'on peut résumer à des dysfonctionnements organisationnels, dont notamment la manière avec laquelle la question des candidatures a été gérée sans oublier évidemment la question de la participation de notre parti au gouvernement. Bien sûr, tout un chacun peut trouver à redire sur ces questions. Une chose, cela étant, reste sûre: l'USFP vit actuellement une gestation qui doit nous porter à reconsidérer avec le recul nécessaire le parcours du parti depuis la mise en place du gouvernement d'alternance en 1998 et à nous livrer à un travail de questionnement par rapport à l'expérience de la transition vers la démocratie. Je considère cette gestation comme étant très salutaire dans la mesure où elle ouvre un nouvel horizon pour l'USFP. Cela donne aux militantes et militants l'opportunité d'envisager le redressement souhaité, dans un esprit de critique et d'autocritique en perspective de la refondation et l'actualisation de la ligne politique du parti pour jouer le rôle qui lui échoit à une période cruciale de l'histoire du Maroc. Cela dit, l'USFP a accompli des actions très importantes depuis son 7ème congrès. Pour s'en rendre compte, il suffit de citer la tenue des congrès régionaux, du congrès de la Jeunesse USFP et celui du secteur féminin, ajouter à cela l'initiative d'ouverture et l'activation des recommandations du 7ème congrès. A votre avis, à qui ou à quoi peut-on imputer l'origine de la crise ? Il y a lieu de souligner que la responsabilité est collective. Le bureau politique de l'USFP n'est pas le seul responsable de cette situation. S'agissant de la participation de l'USFP au gouvernement El Fassi, la dernière réunion du Conseil national avait été couronnée par la prise de deux décisions importantes. Le Conseil a recommandé de constituer une commission chargée de l'évaluation des dernières élections et posé des conditions à la participation du parti au gouvernement, en insistant pour que sa participation prenne en considération son poids et son rôle. A ce stade, je peux dire que la gestion de cette question par le bureau politique n'a pas été en conformité avec les orientations données par le Conseil national. Dans cet esprit, il suffit de rappeler que Mohamed Elyazghi avait dit assumer à lui seul la responsabilité dans l'établissement de la liste des ministrables. Cela dit, la responsabilité revient également aux différentes structures du parti, dont les secrétariats régionaux, les bureaux des sections et les secrétariats provinciaux. Le rôle du secteur féminin de l'USFP n'a pas répondu aux attentes escomptées. Qu'est-ce qui empêche ce secteur d'assumer pleinement sa responsabilité ? Je dois préciser que l'USFP a joué un rôle précurseur dans la valorisation de la femme. Il a été le premier à avoir créé une structure féminine en 1975, malgré un contexte marqué par une opposition farouche à la participation politique de la femme. Le rôle des femmes USFP n'en a pas été moins à la hauteur de cette confiance. Notre structure a joué un rôle central lors du scrutin du 27 septembre 2002. Nous continuons d'être une composante principale du parti, œuvrant sur tous les fronts (politique, social, culturel, etc). Notre seul problème, peut-être, est de ne pas avoir créé un lobby féminin puissant au sein du parti pour mieux faire valoir nos droits.