A Tiffelt, un menuisier quadragénaire, divorcé, a été arrêté la dernière semaine de décembre 2003. Il avait abusé durant sept mois d'un collégien de 15 ans. Qu'est-ce qu'il lui est arrivé? C'est la question qui hante l'esprit de la mère du M.B., âgé de quinze ans, ce dernier était toujours actif, sociable et gai. Il ne passait pas une seule journée sans passer quelques temps hors de chez lui pour jouer et bavarder ses copains. De même à l'intérieur de chez lui, il n'hésitait pas à badiner et s'amuser avec sa mère. Il est son unique enfant plus ou moins gâté, son plus grand amour et son rêve de toujours. Cependant, M.B d'aujourd'hui n'est plus celui d'hier. Il s'est changé en un clin d'œil. Il est devenu une autre personne, à l'air chagrin, triste, renfermé sur lui-même. Il n'hésite pas à fondre en larmes comme un gamin quand elle lui fait des reproches. Qu'est-ce qui lui est arrivé au juste ? Elle le lui a demandé à maintes reprise, mais il ne lui a jamais répondu. Bien qu'elle a insisté, il gardait le mutisme. Pourquoi ? Elle ne sait rien. D'un jour à l'autre, l'état de M.B devient de plus en plus alarmant. Il passe des nuits blanches, ne fermant pas ses yeux. Pire encore, il devient très nerveux, en colère tout le temps, au point qu'il ne supporte plus un mot de plus. Son niveau scolaire commence à connaître une régression remarquable. Est-il malade ? Pas de réponse. M.B garde toujours le mutisme. Il semble qu'il n'a pas l'intention de divulguer son secret, c'est ce que sa mère remarque et décide enfin de l'emmener chez un médecin. «Ton fils est sain, mais il a un seul problème», lui confie le médecin. Perturbée, la mère attend qu'il lui révèle le problème. Ce dernier lui demande si elle est au courant des relations de son fils. Sa réponse est négative. Mais pourquoi ? Lui demande-t-elle. M.B entretient une relation avec un menuisier, lui confie-t-il. Quel genre de relation ? Qui est-ce menuisier ? Le médecin lui explique que l'enfant lui a confié que ce menuisier abuse de lui. La mère n'en croit pas à ses oreilles. Comment et quand? crie-t-elle. Le médecin tente de la calmer, lui demande de rassurer son fils et d'aller ensuite alerter la police. Avant de quitter le cabinet du médecin, la mère reçoit un certificat médical attestant que l'enfant a été abusé sexuellement. Aussitôt, la mère conduit son fils vers le commissariat de police. Elle ne veut plus perdre de temps. « Raconte-moi toute l'histoire », lui demande le chef de la brigade policière. Et comme si l'enfant n'est plus ce qui était, renfermé et triste. Il commence à divulguer tout. Cela remonte à sept mois. C'est en juin 2003 que le menuisier, A.B, quarante-quatre ans, divorcé, lui demande, la première fois, de l'accompagner un peu plus loin de chez lui. Son atelier ne se situe pas loin du collège où M.B poursuit ses études. Ce qui encourage le menuisier à croiser de temps en temps M.B afin qu'il se familiarise avec lui et le cajoler comme s'il était son propre fils. Le collégien ne manifeste aucun refus de l'accompagner. D'un pas à l'autre, ils arrivent près d'une pépinière où personne ne passe. Là, le menuisier se métamorphose en monstre, dégaine un couteau. Surpris, l'enfant reste bouche-bée, ne sachant quoi faire, ni quoi dire. Le menuisier lui ordonne d'enlever son pantalon. « Sinon je te tue », lui dit-il, d'un ton menaçant. Tremblant de peur et les larmes aux yeux, le collégien baisse son pantalon, puis son slip et laisse le menuisier faire sans réaction. « Si tu le racontes à qui que ce soit, je te tue », lui dit sur un ton menaçant. Craignant d'être liquidé, M.B choisit de se taire. Depuis, le menuisier ne cesse pas de demander au collégien de l'accompagner pour abuser de lui. Et ce à sept reprises. Arrêté, le menuisier a nié les accusations de M.B. Seulement, des témoins dont le gardien d'un collège, ont attesté devant la police qu'ils ont remarqué à maintes reprises l'enfant en compagnie du menuisier marchant ensemble à destination de la pépinière. Le mis en cause a été traduit devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat.