Une mère accuse son ex-mari d'avoir abusé sexuellement, pendant six ans, de leur fille de 10 ans. Le père, haut cadre du secteur privé clame son innocence et crie au coup monté. Rabat. Un haut cadre, père de trois filles, est accusé par son ex-épouse et leur fille, âgée de dix ans, d'avoir abusé sexuellement de celle-ci depuis six ans. Hier mardi, jusqu'à midi passé, le représentant du parquet général près la Cour d'Appel de Rabat n'avait pas encore pris de décision dans cette affaire qui a secoué le quartier Agdal de la capitale. Les éléments de la Brigade judiciaire du deuxième district ont achevé leurs investigations en confrontant, vendredi dernier, les protagonistes, à savoir la plaignante soutenue par sa mère (puisqu'elle est mineure) d'une part et d'autre part le mis en cause avant de les conduire, hier matin, à la Cour d'Appel pour les présenter devant le représentant du Parquet général. Le père est présenté en état de liberté sans avoir été placé en garde-à-vue, puisqu'il dispose de toutes les garanties juridiques. Selon des sources judiciaires, la fille a réitéré ses accusations et le père a poursuivi ses dénégations lors de cette confrontation. Durant tout le temps qu'a duré son interrogatoire par les enquêteurs, ce dernier n'a pas cessé de clamer son innocence, affirmant qu'il s'agissait-là d'un coup monté de toutes pièces par son ex-femme pour lui nuire. Une accusation que la mère, contactée par ALM au téléphone, rejette catégoriquement, arguant qu'aucune femme ne songerait à porter atteinte à ses enfants pour se venger de son ex-époux. «Nous nous sommes mariés par amour», explique la mère, qui donne des cours privés de français depuis son divorce. Mon ex-mari était un brave homme, sympathique, honnête, normal, respectueux et sans problèmes, ajoute-t-elle. Ils se sont mariés et ont entamé une nouvelle relation sous un même toit. Une union qui se verra égayée par la naissance d'une petite fille, un soir de l'année 1995. Menant une vie aisée, puisque le père est un haut cadre dans le privé, le couple a souhaité avoir un deuxième enfant quatre ans plus tard. En 2000, une deuxième fille est née et la troisième a vu le jour deux ans plus tard. Durant ce temps, la vie de ce couple et de leurs trois fillettes était sans nuages. Et la fille aînée a été inscrite dans une école privée. D'une année à l'autre, la fille réussit sans aucun problème. Toutefois, ses enseignants ont commencé à remarquer, notamment depuis plus d'une année, qu'elle s'était renfermée sur elle-même, qu'elle contemplait le vide, surtout durant la première heure du matin sans ouvrir son cartable. De quoi s'agit-il ? Que lui est-il arrivé? Des questions qui ont hanté leurs esprits avant qu'ils n'avisent la directrice de l'établissement scolaire. L'état de la fille ne cessait d'empirer d'une semaine à l'autre et d'un mois à l'autre. Et la directrice a fini par aviser la maman, qui a également remarqué que sa fille n'était plus aussi active et pleine de vie qu'auparavant. C'était en février 2004, toujours selon les déclarations de la mère, quand le père s'est rendu à l'étranger, qu'elle a encouragé sa fille à lui révéler la raison de son état, ce qui a causé le changement de ses comportements. Les joues trempées de larmes, la fillette aurait affirmé que son père abusait d'elle «souvent la nuit». Quand il est revenu de voyage, la mère a alerté leurs familles pour prendre la décision qui s'imposait. «Il a avoué avoir soumis sa fille à ses extravagances sexuelles», affirme la mère. Cette dernière a emmené sa fille à l'hôpital Ibn Sina. Le médecin-chef a attesté dans un certificat médical que la fille a été soumise à des extravagances sexuelles sans avoir perdu sa virginité. L'intervention des membres de la famille l'a empêchée de porter plainte et de se contenter de demander le divorce, en juillet 2004, tout en s'engageant de ne plus voir sa fille, ajoute la mère. Certes, précise la mère, son ex-mari a commencé à leur envoyer la pension alimentaire mensuelle de 7.000 dirhams décidée par le juge. Cependant, le père n'aurait pas renoncé à ses actes odieux contre sa propre fille. Il l'aurait rejointe à l'école pour l'emmener, à bord de sa voiture, dans un appartement situé à l'avenue de l'Atlas, à l'Agdal, à Rabat. La fillette est devenue de plus en plus renfermée, au point que la directrice de l'établissement scolaire l'a soumise à un suivi pédo-psychiatrique et a saisi le procureur du Roi après avoir été alertée de ce que la fille éprouvait. La fille a expliqué à la police qu'elle avait été conduite à trois reprises dans l'appartement en question pour être abusée sexuellement par son propre père. S'agit-il d'accusations fondées ou d'un coup monté ? La responsable de l'association « Touche pas à mes enfants », Najia Adib, a indiqué à ALM que la fille lui a affirmé qu'elle a été abusée par son père. Mardi en fin de matinée, le représentant du Parquet général près la Cour d'appel de Rabat n'avait pas encore pris sa décision finale. L'avocat de l'association, Me Yassine Lakrari, a affirmé à ALM, qu'ils ont attendu, jusqu'à midi, d'être reçus dans le bureau du magistrat, et qu'on leur a dit de revenir vers 15h.