Durant deux minutes, Kaoutar a vécu ce qu'elle n'a jamais imaginé. Pas loin de la gare ferroviaire l'Oasis à Casablanca, son bien aimé s'est suicidé pour lui prouver son amour. Y a-t-il encore, de nos jours, quelqu'un qui se suiciderait au nom de l'amour ? Oui. L'histoire de Redouane et Kaoutar qui a fini, dernièrement, en drame le prouve. L'amour les a unis depuis plus d'une année. Kaoutar se souvient du jour et du moment où Redouane l'a croisée la première fois. Elle rentrait du collège quand il s'est approché d'elle et lui a chuchoté des mots mielleux. Pour elle, c'était un moment inoubliable. C'était la première fois qu'elle avait entendu des mots sincères exprimant les vrais sentiments d'un cœur qui bat la chamade. Elle n'a pas trop résisté à ses mots pour tomber enfin amoureuse de lui. Tous deux semblaient être les plus heureux du monde. Ils passaient ensemble de bons moments à converser, à rigoler, à plaisanter, à se bécoter, à faire l'amour loin des regards de curieux, à fumer et à s'enivrer. La dernière fois, mi-juin, ils se sont rencontrés comme à l'accoutumée. Tous les deux sont allés à un hypermarché du quartier l'Oasis et ont acheté un « trois quarts » de vin rouge et quelques bières. Comme d'habitude, ils s'enivrent dans un coin situé pas loin de la gare ferroviaire de l'Oasis. Kaoutar ne partageait pas le vin rouge avec son bien aimé, elle ne buvait que de la bière. Une heure plus tard, un ami de Redouane est venu les rejoindre. Il s'agit d'Abderrahim, fonctionnaire à la commune urbaine d'Anfa, qui savait qu'ils fréquentent souvent ce coin. Redouane lui a remis un verre de vin. Les verres se suivaient et les têtes tournaient de plus en plus. Abderrahim a commencé à draguer Kaoutar. «Tu es très belle…», lance-t-il en guise d'entrée en matière. Kaoutar ne lui a pas répondu. Elle a continué à ingurgiter sa bière tout en échangeant des regards avec son bien aimé. «Malheureusement, je ne t'ai pas rencontrée avant Redouane…», a-t-il ajouté. Visiblement plus enhardi. Redouane a tenté de tenir ses nerfs jusqu'au bout, mais les mots mielleux d'Abderrahim n'ont pas pris fin. Ce qui l'a rendu hors de lui. Il a demandé à son ami de cesser de courtiser sa bien aimée. Au contraire, Abderrahim a continué à le provoquer. Tenant la main de sa bien aimée, Redouane s'est éloigné de quelques mètres du lieu où il a laissé seul son ami Abderrahim. Seulement, ce dernier les a rejoints. Il semble qu'il insistait pour attenter à leur relation amoureuse. Que voulait-il d'eux ? Les séparer ? Enterrer leur amour ? Pourquoi ? La jalousie ? «Kaoutar, il faut savoir une chose, Redouane n'a jamais partagé avec toi le même amour», a-t-il dit à Kaoutar qui semble commencer à perdre son calme. Ses regards le prouvaient. Quant à Redouane, il a poussé violemment son ami et il s'est adressé à sa bien aimée pour lui confirmer son amour. «Je t'ai aimée et je t'aime encore…», lui a-t-il chuchoté à l'oreille tout en l'embrassant. Et son ami s'est tenu devant eux pour balbutier : «Il ment…Il m'a toujours confié qu'il veut seulement passer du bon temps avant de se débarrasser de toi…». Redouane a tenté de convaincre Kaoutar de son vrai et grand amour. Il lui a expliqué que son ami invente des racontars. «Je peux te prouver par n'importe quel moyen mon amour», lui a-t-il dit dans un moment de faiblesse. En attendant une réponse de sa bien aimée, c'était Abderrahim qui a pris l'initiative. Il lui a demandé s'il pouvait se tenir sur les rails et se faire déchiqueter par un train pour les yeux de Kaoutar. «Oui, je peux le faire…», a-t-il répondu. Et il est allé pour se planter sur les rails. Kaoutar a tenté de l'en empêcher. En vain. Soudain, ils entendaient les sifflements du train qui s'approchait. Redouane est resté les yeux fermés. Kaoutar lui demandait de s'éloigner. Et tout d'un coup, le train l'a heurté violemment. Redouane n'était plus qu'un corps sans âme. Kaoutar est entrée dans une véritable crise d'hystérie. Quant à Abderrahim, il regardait la scène comme un Satan qui a gagné son pari.