Après quatre ans de vie conjugale ponctuée de disputes sans fin avec son épouse, Mohamed, âgé de trente-sept ans, s'est suicidé par immolation laissant tout un quartier en émois. Que pourraient-être ces problèmes qui peuvent provoquer une souffrance tellement insupportable au point que Mohamed B. mette fin à sa vie par immolation ? Avait-il toute sa raison quand il est passé à l'acte ? Très difficile de le juger. Ce jeune homme de trente-sept ans n'a jamais oublié le premier jour quand ses regards ont croisé ceux de la belle Laïla. Il y a plus de cinq ans que cela s'est passé dans un quartier de Derb Sultan à Casablanca. Comme le commencement de toute relation amoureuse, Mohamed a suivi les pas de sa bien-aimée, lui a chuchoté des mots mielleux à l'oreille et lui a exprimé son amour. Elle lui a tourné le dos au départ. Puis, elle lui a lancé un sourire timide. Enfin, elle a accepté de sortir avec lui. Les rencontres et les sorties se sont multipliées. Leur relation amoureuse s'est consolidée au fil des jours. Pas moins de quelques mois, il s'est présenté à sa famille pour la demander en mariage. Les fiançailles et la nuit de noces ont été célébrées en famille. Les deux tourtereaux sont enfin sous le même toit. Un rêve qui les a bercés depuis longtemps. Et là, la véritable vie du couple a débuté. Chacun a commencé à découvrir l'autre. Une vraie découverte. Dès les premiers mois, les disputes éclataient presque tous les jours. À chaque dispute, Laïla retournait chez ses parents pour y passer quelques jours. Mohamed la rejoint pour la prier à regagner son foyer. Laïla lui reprochait à chaque fois d'être un mythomane qui ne tenait jamais ses promesses. Etait-ce une raison pour quitter à chaque fois son foyer conjugal et aller se réfugier chez ses parents ? Pour Mohamed, ces disputes ne sont que des malentendus, courants au sein des couples. Quatre ans sont passés. Le couple n'arrive pas à avoir d'enfants. Pourquoi ? Pas de réponse. Le couple n'a jamais pensé aller chez un gynécologue pour se rassurer de leur état sanitaire. Et au fil des jours, les problèmes deviennent de plus en plus complexes. Bref, ils sont devenus comme des ennemis. Depuis le mois de janvier 2007, Laïla est chez ses parents demeurant à Derb Chorfa, quartier Derb Sultan. Il semble qu'elle ne voulait plus retourner au foyer conjugal. La preuve : elle a demandé à Mohamed de la répudier le plus tôt possible. Pourquoi ? Elle ne le supporte plus. Seulement, Mohamed l'aimait encore. Une séparation définitive ? Il n'en imaginait pas. Il a frappé à maintes reprises à la porte de sa belle-famille pour l'aider à lui faire entendre raison. Mais en vain. Personne ne lui prêtait attention. Chacun lui expliquait qu'il n'a pas d'autorité sur Laïla. «Outre le fait qu'il est menteur, il ne travaille plus», leur a expliqué cette dernière. Mohamed réfutait ses paroles en les qualifiant de mensongères. «Elle invente n'importe quoi pour arriver à la répudiation», disait-il. Des mensonges qu'il veut démentir. Comment ? Samedi 21 avril 2007. Mohamed est arrivé, vers 11 h du matin, chez les parents de son épouse à Derb Chorfa. Il a frappé à la porte. Laïla est sortie pour savoir ce qu'il voulait au juste. Sur les escaliers, il lui a demandé de l'accompagner chez lui. «Viens pour voir l'appartement que j'ai acheté», lui a-t-il avoué. Elle ne l'a pas cru et elle a refusé de l'accompagner. Il a insisté. «Quelqu'un de la famille doit nous accompagner si tu insistes», lui a-t-elle proposé. A-t-elle peur de lui ? Peut-être. D'un mot à l'autre, Mohamed a fini par faire sortir une bouteille qu'il dissimulait dans un sachet en plastique noir. Il l'a ouverte devant les yeux de son épouse et a versé le contenu sur sa tête et ses membres inférieurs avant d'allumer le feu. Il s'est transformé en une seconde en torche devant les regards de son épouse qui a commencé à crier. Des voisins sont intervenus pour le secourir. Ils ont téléphoné ensuite à la protection civile. Mohamed a été évacué au service des brûlés de l'hôpital Ibn Rochd. Ses brûlures ont été considérées très graves, de troisième degré. Le mercredi 25 mai, il a rendu l'âme. Si l'épouse a révélé qu'elle ne pouvait plus vivre sous le même toit avec Mohamed qui est tombé dans le gouffre des crédits depuis qu'il a été licencié de son travail, personne ne peut le juger, puisque Mohamed s'est éteint sans que toute la vérité ne soit révélée.