À l'école Al Inbiât III, à Salé, douze fillettes, âgées de 7 et 8 ans, accusent leur enseignant, quadragénaire, père d'une fille, d'avoir abusé d'elles. Quatre parmi elles ont porté plainte contre lui. Depuis plus de deux mois, Fatima Zahra avait un air de repli sur elle-même. Elle ne bavarde plus avec sa petite famille, ne répond plus aux appels de ses voisines du quartier, n'aime plus aller faire des courses, n'accompagne plus ses camarades de la classe et ne leur adresse plus la parole. Qu'est-ce qui est arrivé à cette fillette de huit ans ? Cette écolière à la deuxième année d'enseignement fondamental à l'école Al Inbiât III, située au quartier Al Inbiât, rue Roukraâ, Tabriquet, à Salé serait-elle malade ? Certes, elle a maigri dernièrement, mais elle ne se plaint de rien. Pire encore, elle fait des cauchemars. Le malheur de l'histoire est que ses parents ne sont pas rendu compte de son état. Il a fallu attendre que le père d'une fillette qui poursuit ses études primaires dans la même classe que Fatima vienne leur confier un secret accablant : «Votre fille est l'une des douze écolières dont a abusé sexuellement leur enseignant, Hassan. N». Le père de Fatima Zahra ne croit pas ses oreilles. S'agit-il d'une histoire inventée par les écolières ? s'interroge-t-il. Il ne sait à quel saint se vouer. Cependant, ce ne sont pas les filles qui ont dénoncé leur enseignant mais le cousin de la fille Safae. Comment ? Poursuivant ses études en deuxième année d'enseignement fondamental à la même classe que sa cousine Safae, ce dernier n'a pas pu rester bouche cousue en remarquant ce qui se passait. Cet enfant de huit ans raconte que leur enseignant, Hassan. N, aurait demandé à deux élèves de la classe de faire le guet à l'entrée de la classe afin de l'alerter si une personne s'approchait de la classe. Après quoi, il ordonnait à l'une de ses écolières ou deux de le rejoindre et de se mettre sous le bureau au moment où il déboutonne son pantalon. En entendant ce témoignage, le père de Fatima Zahra n'a pas pu croire qu'un enseignant, quadragénaire, père d'une fille ayant l'âge d'une vingtaine d'années, pouvait penser abuser de petites filles, âgées de sept et huit ans. Rapidement, il rentre chez lui et demande à Fatima Zahra de lui divulguer la vérité. Perturbée, la petite fille garde le silence. Il la rassure en lui disant qu'il ne lui fera pas de mal. Et Fatima Zahra raconte tout en détail. «Il m'embrassait en mettant sa langue à l'intérieur de ma bouche…Il m'obligeait de jouer avec son sexe tout en me mettant sous son bureau…», révèle-t-elle en sanglotant. Les langues d'autres petites filles se délient. Elles sont au nombre de douze victimes. Leurs parents s'adressent au directeur de l'école. Il n'y est pas. Malade, il est hospitalisé depuis quelques semaines. L'affaire n'est plus secrète. Tout le monde à l'école en parle. L'Association des parents et tuteurs des élèves a été avisée. L'enseignant en cause, âgé de quarante-huit ans, clame son innocence. Alors quelles sont les raisons qui poussent douze fillettes à inventer une telle histoire ? C'est une hypothèse inconcevable. Les parents s'adressent à la délégation de l'enseignement de Salé et à l'Académie de Rabat. «Le dossier sera mis entre les mains du conseil de discipline qui a le plein droit de prendre les mesures nécessaires contre l'enseignant», affirme à ALM, Rabiâ Salhi, déléguée de l'enseignement à Salé. Elle précise que la délégation de Salé avait recueilli les témoignages des victimes et de l'enseignant en cause et a remis le dossier à l'Académie d'enseignement à Rabat pour qu'il soit examiné le plus tôt possible par le conseil de discipline. En attendant, l'enseignant continue encore à donner les cours aux élèves. Pourquoi ? «Je n'ai pas le droit de prendre une décision contre lui, alors que ses élèves attestent qu'il a cessé d'abuser des fillettes…Seul le conseil de discipline peut prendre une telle décision», ajoute Mme la déléguée. En attendant, les parents de quatre victimes ont décidé de changer de classe pour leurs fillettes. «C'est leur plein droit», affirme Mme Rabiâ Salhi. Soutenus par l'association «Touche pas à mes enfants», les parents de ces quatre victimes qui ont porté, vendredi 4 mai, une plainte devant le parquet général près la Cour d'appel de Rabat. Et les parents des huit autres écolières ? Ils craignent que l'enseignant se venge de leurs fillettes, surtout que la période des examens est proche. Affaire à suivre...