Fatima Zahra, 16 ans, a quitté son domicile à Rabat, et son cadavre a été rejeté par la mer, à Salé, cinq jours plus tard. Elle était en compagnie du mari de sa cousine. Meurtre ou suicide ? La mort de Fatima Zahra, 16 ans, est-elle le fruit d'un scandale entre son père et sa tante à propos d'un héritage ? A-t-elle été tuée ? S'est-elle suicidée ? «C'est le mari de sa cousine Mouna qui l'a tuée», a confirmé à ALM, la mère, Aïcha, qui n'arrivait pas à retenir ses larmes. Vrai ou faux ? Nous sommes à Rabat. Chez elle, au quartier Ch'banate, à Yaâcoub El Mansour, la famille Baâlla est toujours en deuil. La mère, Aïcha, a étalé sur une table plusieurs plaintes qu'elle et sa fille avaient portées contre les deux cousines, Mouna et Aziza. La dernière plainte remonte au mois d'octobre 2009. «Toutes les plaintes ont été classées par le procureur du Roi. Je ne sais pas pourquoi», a précisé la mère à ALM. Que s'est-il passé au juste ? C'était le dimanche 27 décembre 2009. Vers 17 h 40, le poste de la gendarmerie royale à Témara a reçu un appel téléphonique de la part d'un inconnu qui a avisé les éléments de la protection civile qu'une fille se noyait dans la mer à Harhoura, non loin de Ânk Jmel à une douzaine de kilomètres du lieu de sa résidence. Lorsque les limiers de la gendarmerie royale y sont arrivés, ils n'ont trouvé personne. Et les éléments de la protection civile n'ont découvert aucun cadavre rejeté par la mer. « Nous l'avons cherchée partout, dans les hôpitaux, aux commissariats, chez les membres de notre famille. En vain. Et nous avons déclaré, enfin, sa disparition à la police», a affirmé sa mère. Deux jours plus tard. Vers 14 h, Mustapha, l'époux de la cousine de la défunte, est arrivé chez les gendarmes. Il était en compagnie de sa femme. «Fatima Zahra s'est suicidée en se jetant à la mer», a précisé Mustapha aux éléments de la gendarmerie royale de Harhoura. Etait-il en sa compagnie ? «Oui», a-t-il répondu aux enquêteurs. Âgé de trente-trois ans, père de trois filles, Mustapha est marié à Mouna depuis huit ans. Depuis cinq ans, il a accompagné son épouse au quartier Ch'banate, pour occuper le rez-de-chaussée du domicile où l'oncle maternel de son épouse occupait le premier étage. Ce repris de justice, qui a purgé une peine de six mois de prison ferme pour trafic de comprimés psychotropes, a affirmé aux enquêteurs que Fatima Zahra rejoignait souvent son épouse pour bavarder. Seulement, quand elle est descendue, il y a cinq mois, de chez elle au premier étage pour rejoindre son épouse au rez-de-chaussée, elle n'a trouvé que Mustapha. De la conversation, ils ont passé à autre chose. «Elle n'était pas vierge…», a-t-il affirmé aux enquêteurs. Il a partagé le même lit avec Fatima Zahra à deux reprises. Il n'y avait pas de troisième fois, a-t-il précisé aux enquêteurs. Surtout que sa femme, Mouna, a commencé à les soupçonner. C'est ce qui a causé plusieurs scandales entre sa femme, Mouna et sa cousine, Fatima Zahra. Ces scandales, selon Mustapha, n'étaient pas causés par des problèmes d''héritage, comme a prétendu la mère de Fatima Zahra. Il y a uniquement un mois, Mustapha et sa petite famille ont déménagé au quartier Al Kamra. Depuis, Fatima Zahra lui téléphonait sans cesse. Presque quotidiennement. Ils ont fixé un rendez-vous. Dimanche 27 décembre 2009. Ils se sont rencontrés vers 10 h 30. Sur une falaise donnant sur la mer, Fatima Zahra a commencé à reprocher à Mustapha de ne plus la voir. Tout d'un coup, elle lui a lancé la mauvaise nouvelle : «Je suis enceinte depuis trois mois et tu dois trouver une solution à mon problème. Je n'ai couché avec personne à part toi». Vers 17 h, quand elle s'est rendue compte que Mustapha n'avait pas l'intention de trouver une solution à cette relation extraconjugale, elle s'est jetée à la mer. «Elle s'est suicidée en se jetant à la mer…J'étais surpris par son geste désespéré », a affirmé Mustapha aux enquêteurs. En attendant le résultat de l'autopsie, Mustapha a été traduit, le dernier jour de l'année dernière, devant la justice. Au même moment, le cadavre de Fatima Zahra a été rejeté par la mer à Salé.