Après s'être rétractée, l'UGTM a rallié hier le mouvement de la grève préventive observée par les professionnels du transport routier. Le Premier ministre Driss Jettou prévoit une réunion le 10 avril avec les dirigeants syndicaux pour trouver une issue à la crise. La grève du secteur du transport a pris fin hier mercredi. Mais ce n'est que partie remise. Les syndicats partisans, qui avaient boudé ce mouvement de grève pour appeler à la négociation avec le gouvernement, risquent de changer d'avis. En témoigne le «revirement» de l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM) qui, après s'être dit favorable au dialogue avec le ministère de l'Equipement et des Transports, a rallié hier le mouvement de grève. Cette décision a été prise mardi 3 avril par le bureau exécutif du syndicat istiqlalien. Interrogé par ALM sur le «pourquoi» de ce revirement, le patron de l'UGTM, Benjelloun Andaloussi, a déclaré que «les militants de notre syndicat n'étaient pas convaincus par les promesses du ministère de l'Equipement et des Transports». Ce changement inattendu, d'autant plus que l'UGTM relève d'un parti qui participe au gouvernement actuel, vient apporter de l'eau au moulin des partisans de l'escalade avec le ministère de tutelle. «Le succès du mouvement de grève observé ces deux derniers jours reflète de manière claire le degré élevé de mécontentement au sein des professionnels du transport», renchérit Khadija Ghoumiri, secrétaire régionale de l'Union marocaine du travail (UMT), à Rabat. En se disant «consciente» des répercussions de cette grève sur les citoyens, elle a précisé toutefois que ce mouvement était irréversible. En lire de mire, le nouveau projet de loi portant Code de la route jugé lourdement «préjudiciable» aux professionnels du secteur. «Ce projet, qui a été copié de manière mécanique sur des pays étrangers, ne prend pas en compte les contraintes socioculturelles de notre pays», argue-t-elle, appelant à l'adoption d'une approche globale de la crise qui frappe le secteur. «Les chauffeurs ne sont pas les seuls responsables des accidents de la circulation, bien d'autres facteurs entrent en jeu», explique-t-elle. Elle en veut pour exemples «l'état déplorable des infrastructures routières», et «la recrudescence du fléau de la corruption», appelant à «l'annulation du projet de loi qui risque de mettre à la rue des milliers de familles». Le projet controversé prévoit des sanctions jugées «démesurées». Entre autres dispositions «punitives», figurent des amendes qui peuvent aller jusqu'à 10 000 DH, des peines privatives de liberté, et les retraits de permis. «Ce projet est en mesure de pénaliser lourdement les professionnels du transport, il est en passe d'aggraver la pauvreté de ces derniers», pense M. Andaloussi, ajoutant que son syndicat attend les résultats de la rencontre qui réunira les syndicats, le 10 avril courant, avec le Premier ministre Driss Jettou pour prendre les mesures «appropriées» à propos des prochaines étapes du mouvement de protestation. La menace de reprendre la grève reste de mise en cas d'échec de l'échéance du 10 avril prochain. «Au cas où le gouvernement ne prend pas nos revendications en considération, toutes les possibilités resteront ouvertes», a-t-il averti, en allusion au retour à «l'arme» de la grève. «La porte du dialogue est toujours ouverte et plusieurs réunions sont programmées pour essayer de régler les problèmes des conducteurs», a rassuré hier le ministre de l'Equipement et des Transports, Karim Ghellab, dans une interview à ALM. La voie du dialogue va-t-elle finalement l'emporter sur le choix de la grève ? Les citoyens, qui sont les premières victimes de ce «bras de fer», l'espèrent vivement.