Dans un discours prononcé à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire, le président Bouteflika n'a pas précisé si l'ultimatum donné aux terroristes pour bénéficier de l'amnistie sera prorogé. Alors que les Algériens attendaient que le débat autour de la prorogation ou non du délai de la «Charte pour la paix et la réconciliation» soit tranché, le président Abdelaziz Bouteflika a choisi d'omettre cette épineuse question. Dans son discours prononcé à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire, le chef de l'Etat algérien ne s'est pas prononcé non plus sur la question de savoir si l'Etat allait revoir certaines mesures de la fameuse charte, laissant planer un grand point d'interrogation sur l'avenir de cette initiative destinée à réconcilier les Algériens avec eux-mêmes. Faute de clarté, le premier magistrat de l'Algérie s'est contenté de faire dans les généralités : «L'Etat et le peuple ont un ennemi commun, celui qui exerce en dehors de la légitimité et des lois de la République. Celui enfin qui a opté pour la violence, je cite, dans ce sens, les groupes terroristes dont le crime et la perversion ont hanté les esprits, persistant dans leur rejet de retrouver le giron de la patrie, menaçant la stabilité et les intérêts du pays, sous l'influence des manipulateurs, qui ont fait du terrorisme un fonds de commerce...». De cette déclaration, il ressort au moins une évidence : «La lutte contre le terrorisme se poursuivra jusqu'à l'extermination de ce phénomène dans le cadre de la légitimité et de la souveraineté». Du côté du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), - le seul groupe terroriste à continuer de rejeter la reddition -, on relève le même laïus. Dans un récent communiqué, le GSPC, tout en renouvelant son allégeance au réseau Al Qaïda, a promis de «poursuivre le Jihad» pour instaurer «un Etat islamique» en Algérie. Dans cette partie de ping-pong, c'est le peuple algérien qui se retrouve dans le rôle (éternel) du «bouc-émissaire». Un double pied de nez, du côté de l'Etat et de celui du GSPC, au peuple algérien qui, lors du légendaire référendum sur la «charte», a plébiscité sans l'ombre d'une hésitation la démarche réconciliatrice. Meurtri par 14 années de terrorisme, - avec ce que cela implique en termes de pertes humaines -, victime de la hausse du taux de chômage qui a franchi le seuil de 24%, et plombé par la dégradation des conditions de vie aggravée par la propagation notoire de la corruption, de la bureaucratie, le tout ajouté à l'opacité des procédures administratives, le peuple algérien se trouve aujourd'hui au bord du gouffre. Mais la souffrance du « pays du million de martyrs » promet de se prolonger aussi longtemps que «se poursuivra la lutte contre le terrorisme». Or voilà, de plus en plus d'Algériens se mettent à douter de l'objectif de cette lutte. Les dirigeants n'auraient-ils pas intérêt à « éterniser » cette partie marathon de chasse-poursuite ? L'éradication des six cents combattants restants du GSPC ne risquerait-elle pas de retirer aux généraux le prétexte de tirer, encore et toujours, d'énormes bénéfices de cette guerre-là ? Il est temps de se poser la question.