Lors d'une réunion avec l'état-major des partis de la majorité, mercredi dernier à Rabat, le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a annoncé sa stratégie de lutte contre l'achat de voix. Procédure de candidatures, campagne électorale, organisation du scrutin et autres mesures destinées à moraliser l'élection du tiers de la Chambre des conseillers. Décidément, l'ordre du jour de la réunion, tenue mercredi après-midi au siège du ministère de l'Intérieur, était chargé. De tous les points soulevés lors de cette réunion, le plus important a été celui de la moralisation de l'élection du tiers de la Chambre des conseillers, le 8 septembre prochain. Sur ce point, le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a d'abord informé les dirigeants des partis de la majorité des travaux de sa réunion, mardi dernier à Skhirate, avec les walis et gouverneurs. Lors de cette réunion, le ministre de l'Intérieur a donné ses instructions aux autorités locales qui seront consignées dans une circulaire commune avec le ministère de la Justice. Les autorités et le parquet sont désormais appelés à se mobiliser pour faire face à toute pratique frauduleuse, en perspective du renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. Walis, gouverneurs et parquet devront mettre en œuvre un ensemble de mesures préventives pour la période qui va jusqu'au 28 août, date limite de dépôt des candidatures. Les mesures en question seront rendues publiques au lendemain de la rencontre qui réunira, en début de semaine, le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice. Ces mesures se présentent comme une riposte à l'émergence de certaines pratiques frauduleuses, à la veille de l'élection du 8 septembre prochain. Une dizaine de députés avaient présenté leurs démissions de la Chambre des représentants pour briguer, moyennant des sommes exorbitantes, des sièges à la Chambre des conseillers. A l'approche de l'élection, des députés démissionnaires se seraient adonnés à des pratiques portant gravement atteinte à la crédibilité du prochain scrutin. Selon nos sources, dans les collèges des Chambres professionnelles, la voix aurait été achetée jusqu'à 200.000 dirhams, alors que dans les collèges des conseils communaux, elle aurait été «facturée» à 20.000 dirhams. Tous les moyens étaient permis pour s'assurer un siège à la deuxième Chambre, sachant que cette dernière donne aux «élus» le droit à un mandat de neuf ans. D'où l'hémorragie qui a, sérieusement, affecté la première Chambre, suscitant la colère, voire l'indignation, de la classe politique. L'USFP avait déposé, il y a une semaine, une lettre de protestation auprès de la commission parlementaire de l'Intérieur, attirant l'attention sur l'usage de l'argent en contrepartie de voix pour siéger parmi les 275 membres de la Chambre des conseillers. Contacté par « ALM », le ministre de la Justice nous a annoncé avoir saisi les procureurs du Roi pour ouvrir des enquêtes sur ce fléau répressible par la loi. Sur la démission, M. Bouzoubaâ nous a indiqué que « toute démission implique de quitter définitivement le Parlement ; quitter la première Chambre pour passer à la deuxième est inacceptable », a-t-il tranché. En démissionnant de la Chambre des représentants, les députés en question ont en effet failli au contrat moral qui les lie aux électeurs qui leur ont fait confiance. Cette vague de « défections » est encouragée par le vide législatif existant en la matière. Concernant ce volet, les partis politiques sont appelés à faire des propositions de loi visant à criminaliser toutes formes de fraude électorale. En plus, il convient, aujourd'hui, de redéfinir le statut de la deuxième Chambre, dont les attributions se confondent avec celles de la première Chambre.