Election du tiers des conseillers, législatives de 2007, jeu d'alliances, islamisme, restructuration du parti… Confronté à ces questions, Mohamed Elyazghi, premier secrétaire de l'USFP, révèle son plan de bataille. Entretien. ALM : L'USFP a saisi le ministre de l'Intérieur sur l'achat de voix en perspective de l'élection du tiers des membres de la Chambre des conseillers. La récente réunion, que le ministre de l'Intérieur a tenue avec l'état-major des partis de la majorité, a-t-elle répondu à vos attentes ? Mohamed Elyazghi : Cette réunion était très importante. L'ordre du jour comprenait toutes les mesures prises en préparation de l'élection du tiers de la Chambre des conseillers, depuis la publication des décrets concernant les élections du 8 septembre, c'est-à-dire toute la procédure de candidatures, la campagne électorale et l'organisation du scrutin. Mais le point le plus important de cette réunion a été la moralisation de ces élections. Et là, le ministre de l'Intérieur a informé l'assistance des travaux de la réunion qu'il a eue, il y a quelques jours à Skhirate, avec les walis et gouverneurs. Lors de cette réunion, le ministre a donné des instructions qui ont été consignées dans une circulaire commune entre le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice. Il s'agit de mobiliser et les autorités et le Parquet en vue d'appliquer les dispositions légales pour réprimer la fraude et toutes les manigances qui constituent des délits au regard de la loi. Personne n'échappera à celle-ci. Des mesures préventives ont été mises en œuvre pour la période qui va jusqu'au 28 août, date limite du dépôt des candidatures. Adopté en Conseil des ministres, le projet de loi portant code électoral n'a pas été présenté lors du dernier Conseil des ministres. La majorité a-t-elle lâché du lest, comme le laissaient entendre les partis de l'opposition ? Le Conseil des ministres a adopté deux textes de ce code électoral. Le premier concerne l'ouverture exceptionnelle des listes électorales, alors que le second est afférent au droit qui vient d'être donné à la deuxième et troisième générations des Marocains résidant à l'étranger, de s'inscrire sur les listes électorales là où sont nés leurs parents, ou leurs grands-parents. L'ensemble des autres textes de la loi électorale sera présenté au prochain conseil des ministres. Il est patent que le débat sur cette question est riche. L'USFP y a participé, il fallait expliquer, démontrer, convaincre notamment les partis démocratiques de la gauche de la nécessité pour le pays d'avoir une avancée et réussir la transition démocratique. Après le conseil des ministres, les textes seront présentés à la prochaine législature. Le Parlement reste le lieu de débats par excellence, comme c'est le cas pour tous les pays qui ont opté pour la démocratie. La majorité a pris ses responsabilités, elle a fait son travail. Je pense que cela amènera toutes les organisations à prendre une position dans la sérénité en donnant la priorité à l'intérêt suprême du peuple marocain et à l'enracinement de la démocratie chez lui. Que répondez-vous à ceux qui ont jugé ce code électoral «anti-démocratique» ? Dans les candidatures, le seuil de 3% a été atteint en 2002 par un certain nombre d'organisations politiques. Cela ouvre la voie à des candidatures et permet de donner des investitures aux candidats. Pour les autres partis, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas atteint les 3% en 2002, ou les nouveaux partis qui ont été créés de 2002 jusqu'à maintenant, ils peuvent également présenter des candidatures mais en ayant le soutien de 100 électeurs pour chaque poste de député, y compris les 20% d'élus. Ce sont là des conditions minimales qui ne peuvent entraver le dépôt des candidatures, il est facile pour tout parti qui voudrait se présenter d'avoir le soutien d'une centaine d'électeurs à son candidat, et parmi eux les 20% d'élus. L'USFP, l'Istiqlal et le PPS ont signé, le 26 juillet à Rabat, une déclaration commune sur la Koutla. Est-ce là un simple enjeu électoral ou une volonté réelle de redynamiser le Bloc démocratique ? Le Bloc démocratique a d'abord initié cette déclaration commune pour confirmer les choix fondamentaux de la Charte de la Koutla, fixés en 1992. Lors de la récente réunion, les partis de ce Bloc ont posé les bases de leur action commune en perspective des législatives de 2007. Notre volonté est d'avoir le soutien du peuple marocain et des électeurs, tout cela en conformité avec la majorité actuelle qui va présenter son bilan en 2007. La Koutla prépare un mémoire sur les réformes constitutionnelles et politiques. Elle est en train de discuter d'une stratégie électorale et de l'élaboration d'un programme commun. Que pensez-vous de l'éventualité d'un raz-de-marée islamiste en 2007 ? Nous avons confiance dans la maturité du peuple marocain et dans la justesse de ses choix et de son aspiration à la modernité, à la démocratie, à la tolérance et à la solidarité. Lors du 7ème congrès de l'USFP, vous avez évoqué le projet de restructuration du parti. Où en est ce projet ? Les décisions prises lors du 7ème congrès sont maintenant une réalité. Nous avons tenu 11 congrès régionaux qui ont élu des secrétariats régionaux et, d'ici fin 2006, nous tiendrons trois congrès régionaux à Casablanca, à Fès et dans les provinces sahariennes. De même, la Jeunesse Ittihadie prépare son congrès et le Secteur féminin va entamer, prochainement, la préparation de son congrès national. Nous allons lancer, au début de la rentrée politique, une grande campagne d'adhésions puisque beaucoup frappent à nos portes. Il y a deux semaines environ deux membres dirigeants du PSU, MM. Sassi et Hafid, ont tenu une réunion avec Fouad Ali Al Himma. La rencontre entre d'anciens scissionnistes de l'USFP avec le ministre délégué à l'Intérieur est-elle une bonne chose pour vous ? Le PSU fait partie du groupement socialiste avec lequel nous tenons à avoir non seulement les relations les plus normales mais des relations d'amitié, de coopération et de solidarité. Entre l'USFP et le PSU, les ponts n'ont jamais été coupés. Les militants des deux partis ont toujours gardé des contacts. Nous sommes pour une action commune avec toutes les composantes de la gauche qui peut avoir plusieurs formes. Cela va de l'intégration au sein de l'USFP du Parti socialiste démocratique (PSD) à l'intégration de militants de gauche, cela peut se développer en une action commune sur le terrain en perspective de 2007.
Que pensez-vous de ceux qui ont vu dans cette réunion un acte hostile à l'USFP ? En tant que responsable de parti, je ne peux me permettre de juger sur la base de rumeurs. En plus, le fait que des responsables du PSU rencontrent un responsable de l'Etat relève de la gestion interne du parti concerné.