Plusieurs députés ont présenté leurs démissions de la Chambre des représentants pour briguer un mandat à la Chambre des conseillers. L'officialisation de ces départs devra se faire dans les jours à venir. «Le paysage politique marocain est déroutant», affirmait, dans un précédent entretien à ALM, Moulay Ismaïl Alaoui. A un cercle plus restreint, au Parlement, il l'est un peu plus. Près d'une dizaine de députés auraient décidé de quitter leurs sièges à l'hémicycle pour changer de chambre à l'occasion des prochaines élections du 8 septembre 2006 pour le renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. Selon des sources parlementaires, le député PPS (Parti du progrès et du socialisme) Ahmed Tahiri, élu en septembre 2002 à Meknès, a déposé sa démission au bureau de la Chambre dont il est membre. Larbi El Harami, élu RNI après avoir transité par plusieurs partis politiques, a décidé de faire la même chose en remettant sa démission à la chambre que préside Abdelouahed Radi. Ces deux démissions, confirmées par plusieurs sources, devront être officialisées prochainement comme le veut le règlement interne de la première Chambre avant publication au Bulletin officiel. Selon les mêmes sources, au moins quatre autres députés auraient également franchi le pas. Il s'agirait de Lahcen Hassnaoui, président du groupe M.P à la première Chambre, ainsi que de trois autres députés harakis : Abdellatif Chraïbi, Mohamed Belkadi et Mohamed Kouskouss. Le sixième député démissionnaire ne serait autre que Abdellah Mekkaoui qui est passé par plusieurs partis avant d'atterrir au Parti de l'Istiqlal. Selon plusieurs sources parlementaires, les députés démissionnaires auraient l'intention de se porter candidats aux élections du 8 septembre 2006 pour le renouvellement du "tiers sortant" de la deuxième Chambre. Pour un député qui a requis l'anonymat, ce choix porte un coup fatal à l'image des "élus de la Nation". «L'éthique voudrait qu'on respecte le choix des électeurs qui disposent aussi de leurs voix pour reconduire ou sanctionner ceux qu'ils avaient élus il y a plusieurs années», affirme ce député qui s'interroge sur les "garanties" dont disposeraient les démissionnaires pour briguer un mandat à l'autre Chambre. Les députés démissionnaires devraient compter cette fois sur les "grands électeurs" même si des sources de la première Chambre affirme qu'il s'agit là d'une véritable "aventure à l'issue incertaine". Beaucoup font le lien avec une concurrence féroce dont les prémisses commencent déjà à se faire sentir dans plusieurs régions du Maroc et notamment pour les sièges à renouveler pour le compte du collège électoral des collectivités locales. Pour les chefs de partis, et les bureaux politiques, il est déjà question d'un vrai casse-tête pour l'octroi des accréditations quand on sait notamment que le nombre de sièges en jeu dans plusieurs régions est très limité. Mardi 27 juillet 2006, le bureau de la deuxième Chambre a dévoilé une liste de 70 conseillers désignés pour quitter leurs sièges de conseillers après avoir épuisé les neuf ans de leur mandat. Les deux premiers tiers "sortants" avaient été désignés par tirage au sort en 2000 et 2004. Ainsi, le Mouvement populaire a perdu 25 conseillers dont trois présidents de groupes : Mohamed El Jouhari (MP), Mohamed Mansouri (MNP) et Belhaj Dermoumi pour l'UD. Pour le RNI, on retrouve parmi les partants son président de groupe Maâti Benkeddour, Alami Tazi et Lahcen Bijdiguen, l'actuel président de la Chambre maritime d'Agadir. La prochaine rentrée parlementaire devra aussi connaître l'élection d'un nouveau président. Pour le moment, les candidats ne se bousculent pas et l'on crédite même Mostafa Oukacha (RNI) d'un nouveau mandat de président.