Deux sommets sont prévus cette semaine pour tenter de désamorcer la crise centrafricaine qui risque de s'étendre à toute la région. Principal concerné, son voisin le Tchad. La République centrafricaine n'arrive pas à sortir d'une instabilité chronique qu'elle subit depuis des années. Cette fois-ci - depuis la fuite du général limogé François Bozizé au Tchad - la crise commence à menacer les relations diplomatiques que le pays entretient avec ses voisins. Série d'affrontements dans la capitale et le nord du pays, présence militaire de la Libye contre les rebelles, exil du principal «fauteur de troubles» au Tchad… Tous ces éléments pourraient très vite enflammer la région d'Afrique centrale, chose que craignent la plupart des dirigeants qui ont décidé d'organiser deux sommets cette semaine. L'un, initialement prévu pour le 30 novembre, se déroulera à partir de ce lundi à Libreville, à l'initiative du président gabonais. Il réunira les six chefs d'Etats membres de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) en prélude à la seconde rencontre qui devrait se tenir les jours suivants à Karthoum, au Soudan. Placé sous l'égide de l'ONU et l'OUA, ce second rendez-vous entend réunir les principaux intéressés, Ange-Félix Patassé, président de Centrafrique, et Idriss Deby, chef d'Etat tchadien. Aux côtés de Omar El Bechir, président du pays hôte, on devrait également retrouver Omar Bongo, président du Gabon, mais aussi Mouammar Kadhafi, le « guide » libyen, le représentant de l'ONU à Bangui, le Sénégalais Lamine Cissé, et enfin un représentant de l'OUA.L'objectif de ces négociations ? Trouver un terrain d'entente entre le Tchad et la Centrafrique, tenter de calmer les violences qui ont repris dans le pays depuis le début du mois de novembre. Sur le plan régional, le climat politique est d'ailleurs assez envenimé : si Tripoli soutient ouvertement Patassé en lui envoyant ses troupes depuis mai dernier, le Tchad reste quant à lui plus timide même s'il refuse d'extrader son « exilé politique », François Bozizé. Début novembre, après la tentative d'arrestation de Bozizé, Bangui avait connu une série d'affrontements entre les fidèles du président centrafricain et ceux du chef d'état-major limogé le 26 octobre. Il avait alors fallu l'intervention du médiateur de l'ONU, Lamine Cissé, pour convaincre l'ancien général de retirer ses troupes de la capitale centrafricaine. Bozizé, replié et vaincu dans le nord, a par la suite pris la fuite avec une centaine de partisans vers le sud du Tchad. Il est accusé d'avoir participé au coup d'Etat, tenté et manqué par l'ancien président André Kolingba, le 28 mai dernier. Bangui le soupçonne aussi de préparer un nouveau putsch. Deux accusations que l'ancien chef de l'armée récuse totalement.