Les affrontements entre forces loyalistes et partisans de Bozizé se sont poursuivis lundi dans la capitale centrafricaine. Exilé en France, le général a annoncé son intention de renverser le président Patassé. Après quatre jours d'affrontements, Bangui était de nouveau lundi le théâtre d'échanges de tirs entre les forces gouvernementales et les hommes du général François Bozizé. Des affrontements qui ont dans le même temps relancé les tensions dans toute la région, notamment entre la république centrafricaine et son voisin le Tchad, accusé de soutenir la rébellion. Plusieurs témoins ont rapporté lundi que les mutins tentaient de prendre le contrôle de l'Assemblée nationale, située au cœur de la capitale, et que les combats s'intensifiaient aussi dans plusieurs secteurs de la ville, notamment au nord. Ces affrontements, entamés vendredi dernier, auraient fait au moins une vingtaine de morts, et entraîné la fuite de nombreux civils pris depuis quatre jours entre les tirs. Gabriel Koyambounou, porte-parole du gouvernement, avait pourtant tenté dimanche de rassurer l'opinion en déclarant sur les ondes de la radio nationale que les rebelles étaient encerclés. « Ils sont condamnés soit à se rendre, soit à être écrasés », avait-t-il annoncé. Le responsable avait aussi évoqué la possible implication de « ressortissants tchadiens », dont le pays a à plusieurs reprises était accusé d'abriter des opposants au régime Patassé. Après une série d'incidents entre les deux voisins, un accord de réconciliation avait pourtant été signé le 2 octobre dernier. Mais depuis, N'Djamena a accusé Bangui d'héberger des rebelles hostiles au président Idriss Deby, accusation qui s'est retournée contre le Tchad dimanche. A cela s'est ajouté le soutien apporté par la Libye au pouvoir centrafricain. L'an dernier, Muammar Kadhafi avait envoyé des troupes et du matériel à Bangui pour aider le président Patassé à mater une mutinerie. Au moins 200 soldats libyens sont restés sur place. Une centaine d'hommes armés venus de la République démocratique du Congo voisine auraient par ailleurs lundi, selon des observateurs, pris le chemin de Bangui pour aider les troupes loyalistes. La France, ex-puissance coloniale de Centrafrique, a pour sa part condamné dimanche « toutes les tentatives de renversement par la force de pouvoirs issus d'élections, en particulier celle que revendique l'ancien général Bozizé ». Ce même homme qui est - depuis son limogeage du poste de chef d'Etat major en octobre 2001 -, exilé sur le sol français ! Intervenant sur Radio France Internationale dimanche, François Bozizé avait revendiqué l'opération et indiqué qu'elle était planifiée de longue date. Il avait aussi déclaré que le président Patassé devait négocier avec ses adversaires ou démissionner pour que l'on puisse « mettre en place une transition consensuelle ». Pourquoi tenter le putsch ? Ce soulèvement est le dernier d'une longue série de tentatives de coups d'Etat ou de mutineries qui ont touché la république centrafricaine depuis 1996. François Bozizé avait lui-même été à l'origine d'un renversement avorté en mars 1982 contre le président-général André Kolingba. Il avait alors à ses côtés Ange-Félix Patassé, leader de l'opposition. Agé de 65 ans, ce dernier a été ensuite élu président en 1993, puis réélu en 1999. Comme Bozizé, il est originaire du nord du pays, mais d'une ethnie différente. De là découle une lutte pour le pouvoir entre ces deux hommes, qui a, jusque-là, tourné à la faveur de l'actuel chef d'Etat.