Depuis octobre dernier, loin des regards, la guerre civile ravage de nouveau la Centrafrique. La FIDH a cette fois-ci saisi la Cour pénale internationale pour «crimes de guerre». Premier visé : le président Patassé, actuellement en France. La confirmation est venue lundi dernier des groupes rebelles : les combats ont bel et bien repris de manière intense depuis plus d'une semaine en République centrafricaine. Des affrontements qui surviennent par intermittence à chaque nouvelle montée de tensions depuis le putsch avorté du 25 octobre dernier. Des violences qui mêlent non seulement l'armée loyaliste, les différentes rébellions du pays mais aussi des groupes actifs depuis les pays voisins et enfin les mercenaires. Actuellement, les forces gouvernementales sont par exemple soutenues par plusieurs centaines de miliciens rwandais et les Congolais du MLC de Jean-Pierre Bemba, dans leur importante attaque menée dans les régions nord et nord-ouest. Elles ont même réussi à reprendre quelques localités, comme Sibut et Bozoum, dans une zone pourtant contrôlée par les rebelles du général Bozizé depuis octobre. L'objectif officiel du président Patassé est de restaurer l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire «afin de permettre le déploiement des troupes de la CEMAC et d'engager le dialogue inter-centrafricain dans une posture favorable». La CEMAC, l'équivalent de la CEDEAO impliquée dans le conflit ivoirien à l'Ouest de l'Afrique, a effectivement commencé à déployer ses troupes issues des pays voisins, mais la poursuite des combats a bloqué sa mission. D'autant plus que ces campagnes militaires sont émaillées de graves exactions, notamment de la part des partisans de Bemba. Sur les méthodes qu'il emploie pour reconquérir la Centrafrique, Ange-Félix Patassé reste d'ailleurs particulièrement discret, tout en faisant appel en vain à l'ex-puissance coloniale de son pays, la France, où il se trouvait jeudi et vendredi pour le sommet franco-africain : le chef d'Etat centrafricain a successivement fait appel à des mercenaires libyens, tchadiens (dont le pays sert également de base arrière pour les rebelles), des milices rwandaises. Le Mouvement de Libération du Congo, lui-même opposé au pouvoir Kabila en RDC, est quant à lui engagé depuis des mois auprès du chef d'Etat qui se méfie de son armée régulière, dont une partie a rejoint la rébellion. Cette «assistance» incontrôlable se déroule en contre-partie de l'impunité la plus totale pour ses bandes armées qui se livrent à des exactions sur les civils, notamment des viols et des meurtres, et des pillages de villages. La situation est telle que le 14 février dernier, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme a formellement saisi la Cour pénale internationale pour les crimes de guerre. Ange-Félix Patassé et ses deux serviteurs, le Congolais Jean-Pierre Bemba et le Tchadien Abdoulaye Miskine figurent sur la liste de la LIDH. Appuyée par la Ligue Centrafricaine, «la mission a enquêté sur les exécutions, les viols, les blessures et les pillages dont ont été victimes une nouvelle fois les populations civiles centrafricaines». Dans son rapport la LIDH note notamment que «les combats dans la capitale (Bangui) entre le 25 et le 30 octobre 2002 ont été menés en violation flagrante (…) des Conventions de Genève de 1949». Ces affrontements entre rebelles et forces loyalistes s'étaient achevés par le retrait des partisans de Bozizé après leur putsch avorté. Ils ont été suivis de représailles qualifiées de «crimes de guerre» par l'instance internationale qui reste déterminée à porter son dossier devant la justice internationale.