Le Tchad a demandé mercredi le retrait de son territoire de plus de 2.700 casques bleus internationaux, pour les remplacer par ses propres troupes sur la frontière avec le Soudan, en contradiction avec les objectifs des diplomates et des Nations unies. La mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), a été déployée en 2009 pour protéger les civils et améliorer la distribution de l'aide à près d'un demi-million de réfugiés le long de la frontière. Elle vise aussi à promouvoir la paix au Tchad et en RCA. "Nous sommes ouverts à toute proposition crédible qui permettrait que ce retrait se déroule dans de bonnes conditions" a indiqué l'ancien ministre tchadien des affaires étrangères, Ahmad Allam-mi, qui est devenu ambassadeur de son pays à l'ONU. Composée sur le papier de 5.200 hommes, la mission n'en compte en réalité sur le terrain que la moitié, malgré un budget de 690 millions de dollars par an. Quarante pays y participent, dont la France, l'Irlande, le Togo, le Ghana, la Pologne, la Norvège et le Népal. Le président tchadien Idriss Déby a déclaré le 9 février que son pays ne souhaitait pas le renouvellement du mandat de la force de maintien de la paix en raison de l'"échec" de sa mission. Toutefois, le ministre Allam-mi a souhaité par ailleurs conserver le millier de travailleurs humanitaires qui sont présents dans le pays pour porter assistance à 240.000 réfugiés du Darfour, 180.000 Tchadiens déplacés par la guerre civile et 70.000 réfugiés venus de République centrafricaine. Avant hier mercredi, le Conseil de sécurité a exprimé son soutien à la force de paix de l'ONU au Tchad et encouragé la poursuite de négociations avec N'Djamena sur l'avenir de cette force. Soutien de l'ONU à la Minurcat Les membres du Conseil "ont exprimé un plein soutien à la Minurcat (Mission de l'ONU au Tchad et en Centrafrique, ndlr) et ont encouragé la poursuite de consultations sur l'avenir de cette force", a déclaré à la presse l'ambassadeur de France, Gérard Araud, au nom du Conseil qu'il préside en février. Il sortait d'une réunion à huis clos du Conseil, lors de laquelle deux hauts responsables de l'ONU ont mis en garde contre les conséquences négatives qu'aurait un retrait rapide de la Minurcat sur les populations qu'elle est chargée de protéger. Après leur intervention, le chef du département de maintien de la paix de l'ONU, Alain Le Roy, et son collègue chargé des affaires humanitaires John Holmes, ont indiqué à la presse que l'ONU et le gouvernement de N'Djamena négociaient pour trouver un accord sur l'avenir de la force, dont le mandat expire le 15 mars. M. Le Roy a précisé qu'il se rendrait dans ce but au Tchad la semaine prochaine.