En réaction à l'article "Achaâri attaque le PJD au Festival d'Essaouira", paru hier dans le quotidien "Attajdid", le ministre de la Culture a rejeté cette accusation, précisant que cette nouvelle sortie n'a d'autre explication que la peur qu'ont les islamistes de la culture. Serait-ce un nouvel épisode de la guéguerre islamiste contre les festivals ? Après le feuilleton de l'été dernier, servi par "Attajdid" à grand renfort de “fatwas” contre les festivals, la publication en question a récidivé hier en se fendant d'un article "critique" à l'égard et du ministre de la Culture, Mohamed Achaâri et du Festival "Gnaouas et Musiques du Monde", accusé encore une fois d'être un “vecteur de débauche”. Dans cet article, publié en "Une", la publication accuse le ministre d'avoir attaqué dans son allocution d'ouverture, le parti de la Justice et du Développement (PJD). Contacté par "ALM", le ministre a d'abord précisé qu'il n'a, à aucun moment, attaqué le parti en question, ajoutant qu'il a fait simplement une réflexion à haute voix sur le rapport qui devrait exister entre la culture et l'espace urbain. Dans son discours, le ministre avait en effet soutenu que, grâce aux festivals, «il n'y a plus de villes intra-muros», soulignant que ces manifestations, qui ont recueilli un réel plébiscite de la part des Marocains, ont joué un rôle important dans le décloisonnement des villes du Royaume, en devenant le lieu de la cohabitation par excellence et une fenêtre du Royaume sur son environnement international. Les festivals, ajoute le ministre, ont permis au citoyen de se réapproprier l'espace public, en dehors de toutes les barrières sociales, et de toute distinction de langue, de culture ou de confession. Dans son discours, le ministre a en revanche indiqué que «les villes aristocratiques n'ont plus de raison d'être» dans un Maroc qui a fait de l'esprit d'ouverture un choix fondamental. «Les villes ne sont plus un produit élitiste où il n'y a de place que pour des familles élues», a-t-il expliqué, en disant que cela ne peut que multiplier «les poches d'exclusion, de violence et de marginalisation». Dans sa réaction, le ministre, en soulignant la nécessité de doter les villes de projets culturels, a déclaré ouvertement que les obscurantistes n'avaient qu'un «projet de décadence». S'agissant de l'acharnement des islamistes contre les festivals, le ministre s'est demandé pourquoi les obscurantistes ne voient chez les festivaliers que «l'image d'obsédés sexuels», ne pouvant imaginer que des «jeunes puissent transcender, par leur esprit, leur vécu», que les festivals puissent également être un «vecteur d'épanouissement intellectuel» et «un espace de dialogue et de partage» entre les citoyens, au-delà de leur catégorie sociale. Or voilà, cela est entendu d'une autre oreille par les «directeurs de conscience» auto-proclamés. En diabolisant les festivals, les "tuteurs" du vieux temple contestent le droit légitime de tout citoyen à la fête. «Ils veulent nous réduire au silence», comme avait dit le ministre Achaâri dans une interview à "ALM". Une chose reste sûre : en se rendant, dans l'enthousiasme et en très grand nombre, sur les lieux des festivals, les Marocains ont bel et bien adhéré au fabuleux projet culturel du Maroc d'aujourd'hui.