Dans son communiqué, paru hier dans sa publication «Attajdid», le Mouvement Unité et Réforme (MUR) fait un procès sans appel aux festivals. Pour ce Mouvement, les festivals ne seraient rien qu'un «vecteur de débauche». Un communiqué, publié hier en Une de la publication «Attajdid» vient confirmer l'idée que les islamistes ont des festivals et de la culture en général. Dans ce communiqué, paru en gros caractères sous le titre «Les vices des festivals urbains», le Mouvement Unité et Réforme, tout en se félicitant des «mesures prises par les autorités locales de Marrakech et d'Agadir pour faire face à des manifestations portant atteinte à la religion, à la morale et à la réputation du pays», a fait un réquisitoire d'une violence verbale inouïe contre les festivals. Dans un mélange des genres hallucinant, mâtiné de mauvaise foi, ils ont fait l'amalgame entre les récentes descentes policières effectuées à Marrakech et Agadir pour lutter contre des réseaux de prostitution et des festivals réduits ni plus ni moins à une manifestation de «débauche» et de «décadence». Et d'énumérer les signes supposés de cette «débauche» : «ébriété publique», drogue», «harcèlement des femmes», «actes de violence»… Créés, comme l'a rappelé le ministre de la Culture Mohamed Achaâri (voir l'interview ci-contre), pour la valorisation de la culture marocaine, ces festivals, un espace d'expression et d'animation publique par excellence, se voient traiter de vecteur de «déliquescence morale». S'érigeant en «tuteurs» auto-désignés de la conscience collective, les détracteurs de l'animation culturelle appellent les citoyens, dont les artistes, les premiers bénéficiaires de ces festivals, à lutter contre ces manifestations dont le «délit», paraît-il, est d'avoir apporté la joie à des millions de foyers marocains durant ces six dernières années ! Les politiques, qui ont été derrière cette belle dynamique qui s'installe dans notre pays, en ont pris également pour leurs grades. «Ce qui inquiète, c'est que ce genre de festivals est pour certains une politique réfléchie qui tente de propager la déliquescence sous prétexte d'encourager les talents artistiques», peut-on lire dans le communiqué. Les intéressés, sauf ignorance, ont-ils oublié que les citoyens ont adhéré massivement à cette politique, en assistant, dans l'enthousiasme et la discipline, en groupes ou en couples, en solo ou en familles, à ces festivals, dont certains se sont révélés, à la belle surprise générale, de véritables «woodstocks» marocains. Mais les amis de Raissouni ne veulent pas l'entendre de cette oreille, préférant s'appuyer sur des mensonges pour justifier l'injustifiable. Parler de «mécontentement» populaire à l'égard des festivals, c'est non seulement contredire la vérité mais aussi et simplement faire injure à l'intelligence des Marocains. Cette ruée populaire impressionnante qui, pour reprendre une expression du ministre Achaâri, témoigne de la mâturité politique et sociale des Marocains, apporte, si besoin en est, un contre-argument de poids à ce que prétendent croire les intégristes, du haut de leur supercherie politicienne. Car, voilà qui explique leurs attaques en série contre toute expression de talent et d'intelligence. Pour mémoire, rappelons leurs descentes tour à tour contre le festival d'Essaouira, traité de «nid de la perversion», le festival d'Al Aïta, «espace de débauche», les Concours Miss Beauté, les cinéastes accusés de « pornographes» pour avoir simplement montré une partie du corps d'une actrice… Même les Instituts culturels étrangers n'ont pas été épargnés, sachant qu'ils ont été épinglés pour la propagation d'une «culture érotique» susceptible de «pervertir» notre jeunesse. L'actuelle sortie du MUR s'inscrit ainsi dans la foulée d'une campagne savamment orchestrée pour étouffer dans l'œuf cette formidable percée, saluée ici et ailleurs, enregistrée par notre pays sur le plan culturel. Le problème, maintenant, est que les islamistes ne proposent pas une «alternative» à l'actuelle dynamique, faisant uniquement dans un verbiage creux et des attaques gratuites et arbitraires. Le seul «projet» qu'ils ont pour la culture dans notre pays, le ministre Achaâri l'a bel et bien dévoilé : «réduire le pays au silence».