Des Irakiens, comme de nombreux observateurs, s'attendent à ce que la résistance contre les forces de la coalition s'intensifie. Déjà, la guérilla s'est lancée dans une série d'attaques concertées à Noël à Bagdad, où plusieurs volées d'obus se sont abattues, touchant notamment un hôtel et le Q.G. de l'US Army, alors ques des soldats américains étaient tués dans l'explosion de bombes. « Maintenant que Saddam est capturé, la résistance islamique va s'intensifier et devenir plus efficace », affirme cheikh Ali Oussam, imam d'une mosquée de la ville sunnite conservatrice de Mossoul, située à 400 km au nord de Bagdad. « Jusqu'à présent, les opérations des islamistes ont été réduites au minimum, afin de ne pas être ajoutées à l'actif des partisans du régime déchu », explique cheikh Ali, 33 ans, membre de l'Union des Ouléma musulmans, une association fondée en 1968 et qui était clandestine sous l'ancien régime. Il estime que la plupart des opérations menées jusqu'ici ont été l'œuvre d'éléments liés à Saddam Hussein, qui rêvaient de son retour au pouvoir, alors que les islamistes tiennent à s'en distancer. « La résistance religieuse va s'accroître maintenant, car l'occupant devient de plus en plus agressif et estime que tout Irakien est suspect », affirme un autre imam, cheikh Rayan Khalil qui affirme représenter les Sunnites de tout l'Irak. Effectivement, une vague d'attaques a visé mercredi un convoi américain au nord de la capitale, le «ministère de l'Intérieur» kurde à Erbil, dans le Kurdistan, et un minibus à Bagdad, faisant au total trois morts parmi les soldats américains et au moins cinq Irakiens. A Bagdad, les Chrétiens ont célébré Noël dans la tristesse, sans la traditionnelle messe de minuit. Pour des raisons de sécurité, les églises de la capitale se sont contentées d'un office en fin d'après-midi. Trois GI's à bord d'un véhicule ont été tués par l'explosion d'une bombe au passage de leur convoi à Samarra (120 km au nord de Bagdad), selon un porte-parole militaire. Leur mort porte à 205 le nombre de soldats américains tués en Irak depuis l'annonce, le 1er mai, de la fin des opérations majeures. A Erbil, quatre personnes, outre le kamikaze, ont été tuées et plus d'une centaine blessées lors d'un attentat-suicide près du siège du «ministère de l'Intérieur» d'Erbil (nord), selon ce ministère. Un véhicule piégé a explosé près de l'entrée principale du «ministère» vers midi (09H00 GMT), brisant des vitres et arrachant des fenêtres dans les habitations jouxtant l'édifice. Deux civils, dont une adolescente de 13 ans, et deux policiers ont été tués dans cet attentat, attribué «à des parties étrangères», a-t-on précisé. A Bagdad, un civil a été tué et trois blessés dans l'explosion d'une bombe au passage d'un minibus. Selon un officier de police, l'incident s'est produit juste après le passage d'une voiture de police. Dans la matinée, une bombe a explosé au passage de la voiture blindée du conseiller du ministère des Sciences et de la Technologie, Khodr Abdel Abbas Hamza, qui est sorti indemne de l'attentat, selon la police. L'armée américaine, appuyée par l'aviation, mène une large opération contre la guérilla anti-coalition dans le quartier sud de Daura. L'opération, baptisée "Poigne de fer", a été menée sur la base d'informations obtenues auprès de Saddam Hussein, l'ex-président capturé, selon une source militaire américaine. Des explosions et des avions survolant la région ont été entendus selon des habitants. «Nous avons cru que la guerre avait repris de plus belle», a affirmé l'un deux, Salah Hassan. «Nous avons utilisé certains des moyens à notre disposition, y compris des avions à ailes fixes», a-t-on indiqué de source militaire, affirmant que l'on ne déplore aucune perte dans les rangs américains. Cette démonstration de force a coïncidé avec les fêtes de Noël, pendant lesquelles le commandement américain craignait une recrudescence des attaques. Parallèlement, l'armée américaine arrêtait plusieurs Irakiens qui étaient liés au président déchu, dont un homme qui transmettait les ordres de Saddam Hussein aux guérilleros. La multiplication des opérations visant à démanteler les réseaux de la guérilla ont abouti, depuis lundi, à la mise hors d'état de nuire de 70 personnes, selon diverses sources, dont un proche d'Ezzat Ibrahim al-Douri, l'ancien numéro deux du régime. Cheikh Ghazi Hanach, chef de l'influente tribu des Tayy, a été arrêté à son domicile de Mossoul avec trois de ses fils, selon un membre des forces irakiennes. Ezzat Ibrahim, 61 ans, le plus haut responsable du régime déchu toujours en fuite, est accusé par les Américains de coordonner les attaques anti-américaines. Un ex-général des services de renseignement, Abdallah Jassem Ahmad, a également été arrêté à Mossoul, selon la police. À Kirkouk, 16 personnes ont été appréhendées pour avoir «planifié des attentats contre la base américaine» située sur l'aéroport de la ville. Vingt membres d'un groupuscule kurde islamiste, la Jamaa islamiya, ont également été capturés dans cette ville. A Baaqouba (nord de Bagdad), un réseau de six membres, dont le chef présumé d'un groupe islamiste, a été démantelé. A Falloujah (ouest), 26 Irakiens, dont deux ex-généraux, ont été arrêtés.