Les remous de l'affaire «Clearstream» continuent d'éclabousser le sommet de l'Etat, alors que Jacques Chirac s'élève contre «la calomnie» en réaffirmant sa «confiance» à Dominique de Villepin. «Clearstream», une affaire pas très claire. Des documents confidentiels, des extraits de l'audition et d'écoutes téléphoniques qui apparaissent comme par enchantement sur les colonnes des journaux. Qui veut la peau de qui ? Et qui complote contre qui ? Un mystère en cache un autre. Les remous de l'affaire continuent d'éclabousser le sommet de l'Etat au risque d'inonder les étages supérieurs, y compris l'Elysée. Et les quotidiens français y consacrent des pleines pages. «Clearstream : nouveaux rebondissements», à la Une du "Républicain Lorrain". «L'affaire s'emballe», titre le "Courrier Picard". «Ça craque», pour "Le Parisien-Aujourd'hui en France". «Le déballage s'emballe», titre, pour sa part, le journal socialiste "Libération". Cette affaire «éclabousse tous azimuts», affirme le quotidien qui fait référence au dernier coup de théâtre : la mise en cause de Jacques Chirac lui-même. Révélation du "Canard enchaîné". Il s'agit selon l'hebdomadaire satirique, «d'une nouvelle bombe qui était cachée dans la déposition du général Rondot fin mars». Les juges interrogent alors l'ancien espion sur l'affaire Clearstream et il leur déclare «benoîtement, au détour de la conversation, explique le Canard, que le président possède un compte au Japon à la Tokyo Sowa Bank. Et que selon des documents de la DGSE, 300 millions de francs ont été versés sur ce compte au cours de ces dernières années par une mystérieuse fondation culturelle». Le "Canard enchaîné" ajoute que cette affaire avait provoqué l'affolement à l'Elysée lors de l'élection présidentielle de 2002. Mais rien n'avait alors filtré dans la presse. En tout cas, pour l'hebdomadaire satirique, Chirac a désormais «du sushi à se faire !» Autre rebondissement, là aussi, c'est le "Canard enchaîné" qui en est l'auteur. L'hebdomadaire dresse le portrait-robot du fameux corbeau, l'auteur de la lettre anonyme adressée au juge Van Ruymbeke, qui a lancé en mai 2004 ce scandale Clearstream. À en croire le Canard, le corbeau n'est autre que Jean-Louis Gergorin, vice-président d'EADS, l'un des protagonistes de l'affaire. Hier, Jean-Louis Gergorin a été déchargé de ses fonctions au sein du groupe européen d'aéronautique et de défense. À la veille ces révélations, le président Jacques Chirac a déclaré que «la République, ce n'est pas la dictature de la rumeur, la dictature de la calomnie, ni l'irrespect et l'exploitation jusqu'à l'outrage des procédures judiciaires en cours». Sans jamais citer nommément l'affaire Clearstream, le Chef de l'Etat a rappelé que «la justice est saisie» et a réaffirmé sa confiance au Premier ministre, directement mis en cause par le général Rondot. Si le rôle du cadre d'EADS était confirmé, il resterait aux juges à expliquer ses mobiles. Jean-Louis Gergorin était à l'époque au cœur d'une guerre de succession à EADS. Il est, par ailleurs, un ami personnel de Dominique de Villepin. «Mon client maintient sa position, c'est-à-dire qu'il réitère qu'il n'est ni l'auteur ni l'expéditeur des lettres adressées à M.Van Ruymbeke, et réserve ses déclarations pour les juges,» a déclaré mardi soir l'avocat de Jean-Louis Gergorin. Sarkozy chez les juges Plusieurs personnalités mentionnées dans les faux listings devaient être entendues prochainement par les juges en qualité de parties civiles, notamment les anciens ministres Alain Madelin (UDF), Jean-Pierre Chevènement (MDC), Laurent Fabius (PS) et Dominique Strauss-Kahn (PS). Mardi, chez les juges, Nicolas Sarkozy a dénoncé «la bassesse des apprentis comploteurs» et déclaré qu'il veut «savoir qui (l)'a mis sur ces fichiers et pourquoi on (l)'y a mis». Le soir, lors d'un meeting à Nîmes, le président de l'UMP est revenu à la charge, fustigeant les «machinations», «officines» et «apprentis comploteurs».