Les autorités marocaines ont mis en place un dispositif "colossal" semblable à celui des pays touchés par le virus aviaire H5N1. Le Maroc serait-il réellement toujours à l'abri de la grippe aviaire ? «Aucun cas de grippe aviaire n'est enregistré au Maroc». Cette phrase est répétée tel un leitmotiv par le gouvernement marocain. Selon le Premier ministre, qui multiplie les sorties médiatiques pour rassurer les citoyens, le Royaume est jusqu'à ce jour à l'abri de cette maladie mortelle. Toutefois, malgré ces déclarations qui se veulent rassurantes, l'Etat a mis en place un dispositif "colossal" à l'instar des autres pays touchés par le virus aviaire H5N1. Vaccinations, confinement de la volaille, distribution d'appareils très sophistiqués pour effectuer des analyses biologiques, etc. Il faut dire qu'il s'agit là d'un dispositif d'intervention et non de prévention contre la grippe aviaire. Rappelons la chronologie. Début du mois de février, quelque 336 oiseaux sauvages non-migrateurs appelés "pique-bœufs" ou "garde-bœufs" ont été retrouvés morts à proximité de Dayat Roumi, dans la province de Khémisset. Ces mortalités collectives n'ont aucun lien de causalité avec la grippe aviaire, assurent les hauts responsables nationaux. Selon le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, la vague de froid serait à l'origine de la mort de ces oiseaux. Quelques jours plus tard, une dizaine d'autres d'oiseaux ont été retrouvés morts à Khénifra. Les ministères de la Santé, de l'Agriculture et le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à Lutte contre la désertification tiennent le même discours : Nulle part la présence du virus H5N1 n'a été détectée. "Les analyses pratiquées se sont jusqu'à présent révélées négatives", persistent-ils. Malgré ces déclarations rassurantes, des mesures d'intervention ont été prises. Pas plus tard que mardi 21 février, le Comité interministériel de gestion de crise (CICG) chargé du contrôle du virus de l'influenza aviaire a procédé à l'obligation du confinement de la volaille de type beldi (poulets et dindes) dans un rayon de trois kilomètres autour des zones humides. Il s'agit de "protéger la volaille de tout contact avec des oiseaux sauvages ou migrateurs", précise un communiqué, notamment autour des lacs du Moyen-Atlas et dans les régions côtières de l'Atlantique et de la Méditerranée. Ledit comité a également décidé d'interdire la tenue de marchés de volailles vivantes dans ce même rayon autour des sites humides. Lundi 27 février, un nouveau dispositif a été mis en place par le Comité interministériel, basé dans la capitale, qui a tenu à indiquer qu'aucun cas de grippe aviaire n'est détecté dans le Royaume. Il s'agit du lancement d'une vaste campagne de vaccination de tous les oiseaux des parcs zoologiques. "La vaccination de tous les oiseaux des parcs zoologiques ainsi que de ceux des élevages d'oiseaux non confinables (autruches, outardes, faucons, canards, etc.) a débuté et se poursuivra tout au long de cette semaine", indique-t-on dans un communiqué. Cette opération a concerné dans un premier temps 1.200 oiseaux appartenant à 110 espèces, qui sont confinés au parc zoologique de Rabat. Le Maroc est considéré en Afrique comme l'une des importantes zones de transit des oiseaux migrateurs.Par ailleurs, des appareils de communication de type "GPS" ont été distribués aux différents centres vétérinaires publics. Pour étoffer les capacités d'analyses des laboratoires, le comité a en outre commandé deux appareils "PCR en temps réel" visant à réduire considérablement la durée des analyses, selon la même source. "Grâce à ces appareils spéciaux, les résultats des analyses des prélèvements sur les cadavres d'oiseaux seront connus dans les six heures qui suivent au lieu de 36 heures auparavant", a-t-on précisé. Un complément de matériel d'intervention des services vétérinaires (masques, lunettes de protection, bottes, combinaisons, gants) a été également distribué. Le Maroc serait-il réellement épargné jusqu'ici par la grippe aviaire ?