Le Conseil des ministres a décidé, hier mardi 3 janvier 2006, la levée de l'état d'urgence en France à partir d'aujourd'hui vu que les conditions ne sont «plus réunies ou justifiées». A compter d'aujourd'hui, mercredi 4 janvier 2006, l'état d'urgence instauré en France depuis le 8 novembre est officiellement supprimé. Le Conseil des ministres a adopté hier le décret levant l'état d'urgence instauré pour faire face aux violences dans les banlieues. C'est par cette mesure que le président français Jacques Chirac avait démarré sa traditionnelle séquence des vœux. Jacques Chirac a souligné que cette mesure exceptionnelle «était indispensable pour donner aux forces de l'ordre les moyens d'agir». «C'était évidemment une décision de précaution, de protection et une décision strictement temporaire. Au vu de la situation de ces dernières semaines, j'ai décidé d'y mettre fin», a-t-il déclaré. «Présentant des bonnes nouvelles! Il lui en fallait une, ce matin, pour démarrer sa traditionnelle séquence des vœux et Jacques Chirac l'a trouvée,» commente le quotidien socialiste "Libération". «Les tenants du gant de fer ont raison et c'est bien le déploiement massif de forces de l'ordre qui a permis à un calme très relatif de régner pour le passage au Nouvel An, alors que le choix de Jacques Chirac est absolument d'ordre politique : prendre de vitesse Nicolas Sarkozy, qui n'a encore fait aucun gros titre en 2006, et prouver, urbi et orbi, que le "Vieux" n'est pas "fini", quitte à choquer dans son propre camp. Face à l'état d'urgence, il fallait jouer l'état de présence,» écrit, pour sa part, "La Nouvelle République". Le 7 novembre, Dominique de Villepin avait annoncé sa décision d'autoriser les préfets à recourir au couvre-feu dans les quartiers sensibles touchés par les violences urbaines. Il avait justifié par "le contexte particulièrement grave" sa décision d'exhumer la loi du 3 avril 1955 adoptée au début des troubles indépendantistes en Algérie et utilisée une seule fois depuis, hors métropole, en Nouvelle-Calédonie en 1984. Les violences urbaines ont cessé à la mi-novembre. Seules quelques dispositions marginales du texte étaient encore en vigueur dans une poignée de départements. Elles restreignaient notamment les ventes au détail de carburant. Les principales mesures rendues possibles par l'état d'urgence - couvre-feu, perquisitions sans cadre judiciaire et de nuit, contrôle de la presse et limitations des réunions - ont été peu ou pas du tout utilisées. Dominique de Villepin n'avait pas caché qu'il souhaitait maintenir la France sous le régime de l'état d'urgence pendant les fêtes de fin d'année, pour prévenir toute nouvelle flambée de violence dans les quartiers sensibles. Le réveillon du Nouvel An a été marqué le week-end dernier par 425 incendies de véhicules, mais le regain de violences que les autorités redoutaient ne s'est pas produit.Partis de gauche, associations et syndicats, hostiles à la prorogation de l'état d'urgence par le Parlement, réclamaient avec insistance sa levée en dénonçant «un régime durable de graves restrictions des libertés publiques». Au lendemain du réveillon, le journal "Libération" avait choisi pour sa Une un titre satirique «Un réveillon d'exception». Alors que le Parti socialiste ne s'était pas opposé à son instauration, son premier secrétaire, François Hollande, avait, lui, affirmé en fin novembre que sa prolongation de trois mois était «un mauvais signe, un mauvais symbole et était inutile sur le plan de la sécurité».