Un écrivain qui raconte l'autobiographie d'un frère. Voilà un choix fait par l'auteur marocain Moha Ennaji dans son nouveau roman «Douce lumière» publié par les éditions Marsam. Une oeuvre où il relate la vie de ce personnage prénommé «Ahmed», vétérinaire de son vivant, que le lecteur découvre depuis le début des pages pour se rendre compte qu'il s'agit un proche défunt. «En écrivant ce récit autobiographique romancé de mon frère, j'ai voulu lui rendre hommage et en même temps faire mon deuil», détaille M. Ennaji. «Nous pouvons toujours faire mieux et encore construire un avenir plus résilient face aux crises. Ce roman nous fait rêver en nous rappelant que nous sommes grands, que nous sommes capables d'être grands et généreux», enchaîne l'écrivain. Et ce n'est pas tout ! «Douce lumière» documente, à son sens, une période précise de l'histoire contemporaine du Maroc, «juste après l'indépendance, quand les parents illettrés ou semi-lettrés encourageaient leurs enfants à aller à l'école et à étudier dur pour gravir les échelles de la société». «A travers cette trajectoire humaine, c'est toute une époque du Maroc qui renaît, avec ses joies, ses aspirations, ses déceptions et ses espoirs», poursuit-il en révélant avoir voulu montrer que la vie est à la fois dure et belle, mais elle vaut la peine d'être vécue. Pour lui, la vie humaine est souvent un combat pour supporter ou surmonter la réalité et réaliser ses rêves malgré les obstacles et les difficultés. Elle est une opportunité très précieuse, une chance unique à ne pas rater. Au fil des pages, le lecteur comprend davantage que l'oeuvre parle d'une autre personne avec laquelle le romancier a des échanges puisque celui-ci introduit les pronoms «je» et «me». C'est le cas quand le défunt prend ses avis sur des questions personnelles. Aussi, le romancier ne manque pas de remonter à ses beaux souvenirs avec le défunt. Chose qu'il laisse surtout pour la fin de l'oeuvre. «J'ai préféré terminer le roman sur une note positive, sur un sentiment d'espérance, car au fond, j'estime que l'écriture c'est donner de l'espérance», explicite M. Ennaji qui veut donner de la confiance au lecteur. La raison étant, à son sens, que sans rêves et sans espoir, la vie serait monotone et insupportable. «Les moments de joie que nous avons passés ensemble reflètent un peu le caractère jovial et optimiste d'Ahmed qui lui permettait d'aller dans tous les sens dans une quête effrénée de l'amour, non celui de l'argent qui le jugule, mais celui de la terre, de la famille, du sang, de la vie. Il opposait au monde son inestimable atout, une énergie à toute épreuve. Energie de la force qu'il a gardée jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à son dernier sourire», révèle l'auteur qui dit avoir essayé de faire un portrait saisissant d'Ahmed. «J'ai voulu exprimer mon grand bonheur de l'avoir eu en tant que frère et ami. Nous étions plus proches l'un de l'autre que ce que le roman peut faire croire. C'est aussi pour exprimer mon soulagement quand je pense qu'il avait bien vécu la joie de vivre et un bonheur inégal pendant sa courte vie. Son bonheur à lui se nichait aussi dans le confort de la famille. Après ses succès au niveau de la formation et de la profession, il avait une brillante carrière et un esprit positif magnifique que tous ceux qui l'ont côtoyé adoraient. Ce grand vétérinaire a donné beaucoup à sa communauté, à son pays, et tous ceux qui l'ont connu l'ont aimé», confie le romancier. Après ce roman, il a un projet sur «la vie d'un militaire trop ambitieux qui finit par détruire sa carrière et causer souffrances et déshonneur à sa propre famille. A cause de ses malversations et ses idées politiques extrémistes il aura une fin tragique ». Quant au deuxième projet de livre, c'est un essai portant sur l'histoire des mouvements sociaux au Maghreb (de 1920 à 2020) et leur impact sur la vie politique, sociale et culturelle en Algérie, au Maroc et en Tunisie.