Larbi Belkheir, le général-major à la retraite, se rendra à Rabat où il a été nommé au poste d'ambassadeur de l'Algérie. Le désormais ex-chef du cabinet de Bouteflika coupe ainsi court aux rumeurs quant à son présumé refus de ce poste. Le général-major à la retraite et chef, jusque-là, du cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, se rendra au Maroc pour occuper le poste d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Algérie auquel il a été nommé dernièrement. La confirmation est du premier intéressé qui répondait, à Paris, aux questions du quotidien français « Le Monde » daté du 26 août dernier. Larbi Belkheir coupe ainsi court à toutes les rumeurs qui ont suivi, mais précédé aussi, sa nomination à Rabat. Plusieurs journaux algériens avaient maintenu un véritable suspense quant à la nomination de Belkheir au poste d'ambassadeur à Rabat. D'abord en prêtant au président Bouteflika la volonté d'écarter l'ex-général de son entourage au Palais Mouradia pour une supposée incompatibilité d'humeur. Mais aussi de projets : Larbi Belkheir n'aurait pas été d'accord pour la modification de la loi permettant ainsi à Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat à la présidence de la république algérienne. L'on évoquait même de graves divergences entre l'ex-général et des parents de Bouteflika dont notamment son frère Saïd. Les supputations sont allées bon train également après la nomination officielle de Larbi Belkheir pour succéder à Boualem Bessaieh à Rabat. Là encore, plusieurs journaux algériens affirmaient que l'intéressé aurait refusé le poste et le fait de se déplacer à Rabat pour les missions qui lui ont été confiées. Depuis vendredi dernier, le voile est levé mettant fin à cet épisode. Larbi Belkheir, qui se trouve à Paris pour raisons médicales, a affirmé au journal français qu'il rejoindra son poste «probablement en octobre» prochain. «La réalité est que Rabat est un poste sensible et qu'on en a conscience de part et d'autre.», affirme le désormais diplomate au «Monde» avant de dévoiler ce qu'il en sera de son programme une fois à Rabat. Rétablir des relations de confiance et relancer une communication qui coince, à en croire les propres déclarations du nouvel ambassadeur algérien. «Ma priorité sera d'établir des relations de confiance avec le Maroc, et surtout une véritable communication entre les deux pays. Cela fait trop longtemps que nos relations passent par des hauts et des bas. Or le Maroc est notre voisin et le restera. Nous sommes condamnés à nous entendre.», ajoute Larbi Belkheir dans ses déclarations au quotidien français. Toutefois, interpellé sur la question du Sahara, Larbi Belkheir aura cette réponse standard que la résolution du conflit est «du ressort des Nations unies», pas donc de l'Algérie. Le 23 août dernier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien indiquait que le Royaume du Maroc avait agrée la nomination de Larbi Belkheir ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'Algérie à Rabat. Même avec cette autre confirmation, des milieux algériens ont continué à évoquer un éventuel refus du concerné de donner suite à sa désignation à ce poste. Pour ne rien arranger, Larbi Belkheir n'avait pas jugé utile de démentir ces rumeurs avant qu'il ne se décide à le faire depuis Paris. Aujourd'hui, c'est le renversement de la tendance et l'on parle de plus en plus de l'expérience de l'homme et son sens du contact pour concrétiser le dégel entre les deux pays voisins. La nomination de Larbi Belkheir à Rabat intervient après une nouvelle traversée de désert dans les relations entre le Maroc et l'Algérie à cause notamment de la position du pouvoir algérien quant au dossier, éternel, du Sahara marocain. Après des mois d'espoir pour une nouvelle ouverture, et l'ouverture des frontières fermées entre les deux pays depuis l'attentat de Marrakech en 1994, le ton montera de nouveau au point que le Premier ministre Ahmed Ouyahia se verra signifier qu'il est «indésirable» au Maroc. Le chef du gouvernement algérien entendait se rendre au Maroc, à la mi-juin dernier, à la tête d'une délégation de ministres et d'hommes d'affaires. Quelques jours avant la date prévue pour cette visite, le Maroc, via son ministère des Affaires étrangères remettra les choses au point en affirmant que ladite visite, dans le contexte de l'époque, était «inopportune». «Les prises de position affichées, ces dernières semaines, par les autorités algériennes sont en nette contradiction avec les objectifs de normalisation bilatérale, de rapprochement entre les deux peuples frères et de relance effective de l'Union du Maghreb Arabe. Elles sont également en opposition avec les engagements bilatéraux, pris au plus haut niveau, d'oeuvrer au développement des relations bilatérales et maghrébines, tout en laissant le soin aux Nations unies de rechercher une solution politique et définitive au différend sur la question du Sahara marocain», lisait-on dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères marocain. La libération des 404 prisonniers marocains détenus par le Polisario et la tournée du sénateur américain Lugar dans la région semblent avoir donné lieu à de nouveaux espoirs aux relations entre le Maroc et l'Algérie. C'est dans cette optique qu'un homme, de la qualité, de l'expérience et de l'influence de Larbi Belkheir, pourrait être d'une grande utilité pour les deux pays, mais aussi pour toute la région.