Général-major à la retraite, Larbi Belkheir est un dirigeant de la première heure de l'Algérie indépendante. Bras droit de plusieurs présidents, son arrivée à Rabat est synonyme d'espoir pour les Marocains. Larbi Belkheir est né, il y a 67 ans environ, à Tiaret dans l'Est algérien. Après avoir suivi ses études au lycée de Bel Abbès, Larbi Belkheir, fils de caïd, intègre l'armée française où il atteint le grade de sous-lieutenant jusqu'en 1960, où il décide de rejoindre l'armée de libération nationale, à l'instar d'autres officiers comme le célèbre Khalid Nezzar. Après l'indépendance, il occupa plusieurs postes de responsabilité dans l'Armée populaire nationale (APN). Après la mort de Houari Boumediene, c'est grâce à Larbi Belkheir et feu Kasdi Merbah que Chedli Benjedid a été catapulté à la tête de la présidence de la république algérienne. Larbi Belkheir est ainsi devenu Directeur du Cabinet de la présidence. Un poste on ne peut plus sensible et qui n'a rien de symbolique. En Algérie, on considère ce fauteuil comme "une interface entre le président et les véritables décideurs, en l'occurrence les généraux". Aujourd'hui à la retraite, le général-major Larbi Belkheir est présenté par tous les connaisseurs de la chose algérienne comme étant "le véritable président de la république". Une qualité qu'il rejette totalement : "On a tout dit ! Que je suis à l'origine de la désignation de M. Bouteflika, que je dirige un cabinet noir, que je suis le parrain des décideurs (...). On oublie trop souvent que j'ai quitté le pouvoir pendant huit ans, de 1992 à 2000, et que je ne suis pas responsable de tout", avait confié Larbi Belkheir au quotidien français Le Monde en mars 2002. En tout cas, avant son éclipse en 1992, Larbi Belkheir n'était autre que le ministre de l'Intérieur sous l'ère du président Chedli Benjedid. C'est donc lui qui a supervisé les élections avortées du 26 décembre 1991, qui ont connu une victoire écrasante du Front islamique du salut (FIS). Après quelques années de silence, Larbi Belkheir refait surface en politique. Il est nommé, une deuxième fois, à la tête du Cabinet de la présidence, un poste qu'il gardera jusqu'à sa nomination à Rabat. Autre qualité particulière de Larbi Belkheir : C'est l'homme des Français par excellence en Algérie. Il entretient d'excellentes relations avec des officiers supérieurs français et n'hésite jamais à defendre les intérêts de l'Hexagone dans son pays. Sa nomination au poste d'ambassadeur d'Algérie à Rabat intervient quelques jours seulement après le "coup de force" des Américains dans la région et la manifestation de leur intention de mettre un terme aux tensions entre le Maroc et l'Algérie, et partant résoudre définitivement le problème du Sahara. Pour ce qui est des Marocains, certains d'entre eux semblent avoir d'énormes espoirs pour que d'éventuelles négociations avec les Algériens (qu'ils soient pro-Américains ou pro-Français) aboutissent rapidement à tourner la page du Polisario et à ouvrir celle de la construction maghrébine. D'autres, par contre, estiment que la politique algérienne à l'égard de l'affaire du Sahara est tracée par les dirigeants à Alger. Un ambassadeur, même de bonne foi, ne peut qu'apaiser le climat entre les deux pays.