Larbi Belkheir a été désigné ambassadeur d'Algérie au Maroc en remplacement de Boualem Bessaieh. Le Maroc vient d'ailleurs de donner son agrément pour la nomination de l'ex-général-major. Ce qui relevait de la rumeur est désormais une réalité. Larbi Belkheir, général-major à la retraite et jusque-là chef de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, a été officiellement nommé au poste d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Algérie au Maroc. Selon le ministère des Affaires étrangères algérien, repris par APS, cette nomination vient d'ailleurs d'avoir l'aval du gouvernement marocain. Ainsi, un général-major succède à un homme de lettres mordu d'Histoire. Larbi Belkheir est né en 1938 à Frenda d'un père sous-officier de l'armée française. Lui-même gravira les échelons de la hiérarchie militaire, notamment après une formation en ex-URSS, avant de devenir «incontournable» dans les arcanes du pouvoir algérien. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il est surnommé en Algérie à la fois «parrain des généraux» et «faiseurs de présidents». Belkheir, homme des plus contestés en Algérie, a été ministre de l'Intérieur entre 1991 et 1992. A cette époque, on le donne comme principal négociateur avec le FIS dissous par la suite. Son nom revient assez souvent dans de présumées affaires de détournements. Mais aussi d'assassinats politiques puisque des accusations furent portées contre lui en relation avec l'assassinat de l'ex-président Mohamed Boudiaf. Depuis, l'homme s'éclipsera pendant de longues années pour se consacrer à ses propres affaires avant de renouer avec le poste de directeur de cabinet de la présidence, mission qui était déjà sienne du temps de Chadli Benjdid. Dernièrement, sa nomination au poste d'ambassadeur d'Algérie au Maroc est présentée comme étant une «porte de sortie honorable» pour les graves divergences qu'il aurait avec le président Bouteflika. L'un des points de divergence concernerait une volonté, prêtée à Bouteflika, d'amender la loi pour se permettre de briguer un autre mandat à la présidence. Belkheir aurait d'ailleurs eu de sérieux différends avec le propre frère de Bouteflika. La presse algérienne de ces deux derniers jours, réagissant à la nomination de Larbi Belkheir à la place de Boualem Bessaieh, affirmait que le premier aurait refusé de rejoindre son poste pour protester contre la décision de la présidence. Boualem Bessaieh, qui occupait jusque-là le poste d'ambassadeur à Rabat, a occupé le poste de ministre de la Culture, mais aussi celui de chef de la diplomatie dans l'éphémère gouvernement de Kasdi Merbah constitué en 1988. Il a également été plusieurs fois ambassadeur après avoir occupé le poste de chargé des Affaires étrangères au Conseil de la Nation. La nomination de Belkheir intervient quelques jours après la libération par le polisario de 404 prisonniers de guerre marocains. Libération qui a suscité les espoirs pour une solution politique négociée au conflit du Sahara marocain.