Les dernières arrestations qui se sont produites lors du démantèlement de cellules de la salafia jihadiya montrent la jeunesse des individus poursuivis. Habitants de quartiers défavorisés, ils sont dans leur majorité très jeunes. Dans le contexte international actuel, il est clair que les « cerveaux » des opérations terroristes sont à la recherche de « chair à canon» et qu'ils cherchent donc à recruter prioritairement au sein de la jeunesse : bien sûr au cœur des quartiers mais aussi au sein de la population lycéenne. Que l'on s'entende bien, rien ne peut excuser que l'on se laisse ainsi embrigader : ni la pauvreté ni la misère morale ou intellectuelle. L'on est, en dernier ressort, maître de ses choix et le terrorisme n'a jamais représenté une solution ; de plus se revendiquer de l'Islam pour trouver prétexte à ces actes criminels est une hérésie. Il convient cependant de s'inquiéter de ce que certains de nos jeunes (même si « ultra minoritaires ») puissent constituer un vivier pour ces « recruteurs ». Cela n'est nullement propre à notre pays, mais en l'occurrence il est de notre responsabilité de nous intéresser à ce qui nous touche personnellement: c'est-à-dire nos jeunes ! Je ne parlerai pas de ceux qui font le choix délibéré de la violence aveugle, du terrorisme, de la terreur… ceux-là méritent une guerre sans merci, certes menée par les Services de sécurité et la Justice, mais auxquels nous tous épris de paix, de tolérance, de démocratie devant prendre part. Je voudrais parler ici de ces jeunes «paumés», fragiles, démunis … qui constituent une cible potentielle pour les recruteurs. C'est ce terreau-là qu'il faut assécher : par la pédagogie, l'éducation, le dialogue, l'instruction, l'emploi… C'est aussi un combat à mener et s'il est ardu, il n'est cependant pas perdu d'avance ; si un vent mauvais, si l'embrigadement «pour le pire» sont capables de les emmener, disons-nous alors qu'un vent favorable, un embrigadement «pour le bien» sont tout aussi capables de les séduire: encore faut-il que nous fassions cette démarche de nous rapprocher de ces jeunes, de leur parler, de leur proposer des choix, de ne pas les laisser seuls face au vide. Un vide que les obscurantistes remplissent d'ailleurs très vite. Il nous faut également espérer en la nature humaine : un jeune de 20 ans –peut- être parce que ne croyant plus en rien – et donc prêt à tout – est capable de se donner, et de donner la mort ; mais cela constitue un déni de vie, une exception : intéressons-nous à ces 99% de nos jeunes qui veulent s'en sortir, qui ont la rage de vaincre car –seuls- leurs chances de réussir sont moindres et c'est de nous tous qu'ils ont besoin – besoin aussi de respect, de dignité ; besoin de se sentir reconnus, de sentir qu'ils existent… Pour avoir assisté cette semaine à l'interpellation, sur une plage de Casablanca, d'un jeune homme marchant au bord de l'eau avec une jeune fille qu'il tenait par la main (quel crime !), j'ai pu mesurer le degré d'humiliation publique qui leur a été infligé, j'ai perçu le désespoir mêlé de rage du jeune homme… Ceci n'est pas anecdotique, il nous faut savoir ce que nous voulons et agir en conséquence. Les salifistes sont en guerre et visiblement ils ont « l'art» de savoir enrôler les jeunes, il est de notre responsabilité de tout faire pour rendre cela impossible ou du moins le moins facile possible. Nos jeunes ne sont pas de la «chair à canon», donnons leur les armes intellectuelles pour résister à l'enbrigadement et faire le choix – à nos côtés – d'une société ouverte, tolérante et pacifique.