Les services de police viennent de démanteler une cellule de terroristes en herbe. Ces derniers seraient liés au mouvement britannique Attawhid et au GICM. Dans le flot, réapparaît le nom de Mohamed Guerbouzi. Les services de police, dans le cadre de la lutte antiterroriste, ont démantelé dernièrement une nouvelle cellule composée de 15 présumés terroristes. Ces derniers, à en croire des sources policières proches de l'enquête, présentent cette nouveauté qu'ils sont accusés de faire partie du mouvement britannique intégriste Attawhid et du GICM (Groupe islamique combattant marocain) et d'avoir des liens avec Abu Issa, nom de guerre attribué à Mohamed Guerbouzi, le Marocco-britannique faisant l'objet d'une demande d'extradition au Royaume. Tout avait commencé il y a quelques mois avec l'arrestation, en Algérie, et l'extradition de trois jeunes Marocains. Abdelhak El Bassraoui, Mostafa Khairi et Abdelouhhab El Bahlouli s'étaient introduits, de manière illégale, sur le sol algérien pour préparer leur voyage en Irak et rejoindre les rangs des «Moujahidine » luttant contre la présence américaine dans ce pays. C'est sur la base des informations fournies par ces derniers, une fois remis aux autorités marocaines, qu'une enquête est déclenchée pour dénicher les autres membres de la cellule Attawhid. Cela conduira, entre le 18 et le 31 juillet, à l'arrestation de plusieurs présumés terroristes dans des quartiers défavorisés de Salé (le tristement célèbre El Oued, Tabriquet, Sala Al Jadida, Al Inbiâth...), à Fès, Tétouan et Oujda. Il s'agit, dans la majorité des cas, de jeunes au sortir de l'adolescence, le plus âgé (Mimoun Rahhou) étant né en 1975, alors que le cadet du groupe est né en 1987. Les jeunes personnes interpellées dans le cadre de cette affaire exercent divers métiers (coiffeur, peintre en bâtiments, porte-faix...) alors qu'une bonne partie sont des élèves comme c'est le cas pour Moncef Zitouni et Tariq Cherkaoui arrêtés à Salé au moment où ils avaient été convoqués à retirer leurs diplômes comme l'affirment leurs familles. Selon une source proche de l'enquête, ce groupe de présumés terroristes adopte un mode de vie qui n'est pas sans rappeler celui des «takfiristes » : rejet des procédures administratives, refus de renouveler ou obtenir les documents d'identité officiels, mariages contractés de manière illégale dans un cercle très restreint, refus de fréquenter les mosquées vu que les imams, pour eux, sont des hérétiques et refus même de traiter avec les autres groupes islamistes. Pour les présumés membres d'Attawhid, c'est le seul groupe à appliquer les préceptes de l'Islam. Les livres saisis dans leurs domiciles, lors des perquisitions effectuées suite aux arrestations, ne s'écartent pas des mêmes thèmes. Il s'agit en gros de littérature portant sur le Jihad ainsi que des documents définissant la manière de désigner les émirs de groupes. Une source proche de l'enquête résume le tout en affirmant que le but suprême pour ce groupe est l'instauration du califat islamique en combattant les institutions de l'Etat. Les membres de ce groupe ne se seraient d'ailleurs pas limités à la seule théorie puisqu'ils auraient eu l'habitude d'effectuer des raids nocturnes dans plusieurs villes du Maroc et lors desquels ils s'en prenaient à des citoyens isolés pour les délester de leurs avoirs comme le veut la fameuse théorie du « Fay'e » (appropriation « licite» des avoirs et biens des mécréants, par la force). Déférés devant le juge d'instruction près la Cour d'appel de Rabat, le magistrat a décidé, jeudi dernier, de relâcher quatre sur les quinze présumés membres du groupe Attawhid. Les onze autres, incarcérés actuellement à la prison de Salé devront attendre le 8 septembre prochain, date de l'ouverture de leur procès. Ils sont notamment accusés de constitution de bande de malfaiteurs pour préparer et perpétrer des actes terroristes selon les dispositions de la loi anti-terroriste. Il s'agit de Abdelhak El Bassraoui (né en 1986), Mostafa Khairi (1981), Hassan Bouyyi (1975), Abdelouahhab El Bahlouli (1987), Khalid El Mrabti (1986), Jaouad Aouam (1976), Abdelilah Redouani (1985), Mohamed Benharrouss (1986), Idrissi Sbaï Abdelmouîne (1983), Abdelilah Erroudani (1986) et Mimoun Rahhou (1975). Les familles des présumés terroristes, soutenues par des ONGs de défense des droits de l'Homme, crient au scandale et affirment que les procédures légales n'ont pas été respectées qu'il s'agisse des conditions d'arrestation, de perquisition ou encore du non-respect des délais légaux de détention provisoire. L'on apprend d'ailleurs que le jour de leur première comparution devant le juge d'instruction, l'avocat de quatre d'entre eux avait requis une expertise médicale pour de présumés actes de torture. La requête formulée par Me Abdelfattah Zahrach a été rejetée. Un recours est en cours d'examen. Selon un rapport établi par le Centre marocain des droits de l'Homme (CMDH), plusieurs autres arrestations auraient été effectuées à Salé par la police en relation avec la même affaire. Arrestations non confirmées de sources officielles. De leur côté, les familles des accusés, qui ont écrit à plusieurs responsables gouvernementaux, disent attendre une réponse claire quant au sort des leurs. Des propos auxquels réplique d'ailleurs le parquet de Rabat en affirmant, entre autres, qu'il n'était nullement question d'«enlèvements » comme le prétendent les proches des accusés, mais d'interpellations effectuées dans le cadre de la loi antiterroriste.