Les juges d'instruction antiterroristes français vont enquêter sur les attentats de Madrid. Au cœur de l'enquête, une cellule du Groupe islamique combattant marocain (GICM). Les membres de cette cellule sont cités dans un procès-verbal, établi à Casablanca par un ancien «émir» marocain impliqué dans les attentats du 16 mai. Une information judiciaire ouverte en France remet le procès-verbal de Nourredine N'fiâ au goût du jour. Les juges d'instruction antiterroristes français vont enquêter sur les attentats de Madrid qui ont fait 191 victimes, dont une Française. Le Groupe islamique combattant marocain (GICM) est pointé du doigt en Espagne. En France, l'information judiciaire pour «assassinat et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» a été confiée aux juges d'instruction antiterroristes Jean-Louis Bruguière et Jean-François Ricard. Au cœur de l'enquête, les noms cités par Nourredine N'fiâ dans un procès-verbal établi le 8 août 2003 par la police judiciaire de Casablanca. Les noms cités par cet ancien émir du GICM sont ceux-là mêmes qui font l'objet d'une instruction en France. Dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Casablanca, Nourredine N'fiâ a révélé l'existence d'une cellule de GICM en France. Expressément, il avait cité les noms de Mustapha Baouchi et Bachir Ghoumid. Ces deux personnes ont été interpellées par la DST française, dans une opération menée la nuit du 9 au 10 avril en banlieue parisienne. Mieux : Mustapha Baouchi est considéré comme le chef de cette cellule. Il est désigné par le parquet français comme le plus «opérationnel» du groupe. Il est établi aujourd'hui que ce suspect fait partie de ceux qu'on nomme les Marocains afghans. Né en 1975, Moustapha Baouchi est parti dans les camps d'entraînement militaire en Afghanistan au moins à deux reprises: en 1998 et 2000, selon les enquêteurs. Il s'y est exercé au maniement des armes et des explosifs. Ce spécialiste en électronique n'a rien à se reprocher en France. Il n'a opéré aucune action criminelle dans ce pays, mais a endoctriné d'autres personnes. Il a lui-même été enrôlé par Mohamed Guerbouzi, considéré aujourd'hui comme le chef du GICM. Ces informations se trouvent dans le procès-verbal de Nourredine N'fiâ qui en comporte beaucoup d'autres. Si l'on tient compte du fait que c'est suite à la visite, le 5 avril dernier, du juge Bruguière au Maroc que la cellule du GICM a été démantelée en France, il devient plus que probable que ce juge a été informé de la teneur des propos de Nourredine N'fiâ. Et si l'on prend en considération l'importance prise par l'instruction de leur dossier en France, il est de plus en plus probable que les autres aveux de Nourredine N'fiâ sont crédibles. Il affirme avoir rencontré en Afghanistan le chef d'Al Qaïda, Oussama Ben Laden et son bras droit, Aïman Al Dawahiri. Les deux hommes ont fait part aux chefs des cellules du GICM de leur disposition à leur apporter de l'aide logistique. La toile du GICM n'a pas encore révélé tous ses liens.