Inculquer l'esprit d'initiative auprès des jeunes tout en les accompagnant à réaliser leurs projets entrepreneuriaux permettrait de créer un nouvel élan de croissance pour l'économie marocaine dans le contexte actuel. C'est dans ce sens qu'a été tenue, mardi, la troisième édition de «Empower 21» organisée par la startup La Factory en partenariat avec Lydec et l'ambassade des Etats-Unis au Maroc. Sous le thème «Innovate or Die», ce marathon de près de 10 heures non-stop promeut l'entrepreneuriat, l'innovation, le digital et donne une vue d'ensemble sur les challenges et les défis à surmonter pour les entreprises, les startups et les aspirants entrepreneurs à travers différents témoignages et interventions des parties prenantes. Plus de 50 personnalités venant du secteur public, du secteur privé et de l'écosystème de l'entrepreneuriat ont donc fait part de leur approche sur les diverses thématiques liées à ce sujet. Comment démultiplier la volonté d'entreprendre ? Comment renforcer les capacités de l'entrepreneur ? Comment éduquer à l'esprit d'entreprendre et former les jeunes à prendre des initiatives ? Autant de questions qui ont été traitées lors de cette rencontre 100% digitale. Appui à l'entrepreneuriat A l'ouverture de cet événement, Alex Black, Economic Officer auprès du consulat des Etats-Unis à Casablanca, a expliqué que la croissance économique demeure un sujet important pour MEPI (Middle East Partnership Initiative). Sur le volet entrepreneurial, il fait remarquer que «les petites et moyennes entreprises constituent le pilier de l'économie américaine. C'est l'élément clé de sa croissance et sont responsables des deux tiers de création d'emplois durant les deux dernières décennies». De son côté, Zineb Bennouna, chef de département Innovation à Lydec, a mis l'accent sur l'appui de l'entreprise aux initiatives portées sur l'entrepreneuriat. «Avec ce partenariat, Lydec prouve encore une fois qu'elle soutient et qu'elle encouragera toujours l'écosystème d'entrepreneurial au Maroc». Eduquer les jeunes précocement à l'entrepreneuriat Pour Saaid Amzazi, ministre de l'éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l'entrepreneuriat incarne l'une des voies majeures de l'avenir du travail des jeunes dans le monde. «Le Maroc est un pays qui voit arriver chaque année sur son marché du travail plus de 200.000 diplômés pour en moyenne trois fois moins d'emplois créés par le secteur économique et par l'Etat. C'est là une équation, a priori insoluble si ce n'est en faisant appel à l'entrepreneuriat», souligne-t-il précisant par ailleurs que c'est lié d'abord à une culture et un état d'esprit. «Dès l'école primaire, l'esprit d'entrepreneuriat chez nos jeunes doit se forger. C'est à partir d'un niveau précoce de la formation et de l'éducation que la promotion de la culture entrepreneuriale doit prendre place car disons-le franchement, l'écrasante majorité de nos jeunes dès le début de leurs études limite son ambition au salariat. L'entrepreneuriat étant considéré comme une option non seulement risquée mais incapable de leur apporter la stabilité professionnelle que peuvent leur offrir des choix beaucoup plus classiques. Il y a là avant tout un état d'esprit à changer», relève Saaid Amzazi. Lors de son intervention, le ministre a également rappelé les initiatives mises en place dans le cadre de différents partenariats pour favoriser l'entrepreneuriat chez les jeunes (exemple : Injaz Al Maghrib et projet Saleem avec l'Union européenne, statut étudiant-entrepreneur, Cités des métiers et de compétences). Néanmoins et malgré quelques signes encourageants (le Maroc a gagné 13 places dans le rapport mondial 2019-2020 du Global Entrepreneurship Monitor (GEM)), il reste encore du chemin à parcourir (45ème sur 50 pays en matière de facilitation du démarrage et du développement des entreprises). Ainsi, les efforts devront être dirigés pour renforcer la formation, l'accompagnement, faciliter les procédures et les modalités de créations d'entreprises, assouplir le volet fiscal et garantir des financements à travers les fonds d'amorçage dédiés aux emprunts des porteurs de projets. L'université comme espace d'innovation et d'accompagnement L'université marocaine devra être un lieu de stimulation et de créativité pour les jeunes. «La composante entrepreneuriale doit être une partie intégrante de la formation universitaire», indique Khalid Baddou, directeur communication à l'UM6P de Benguerir précisant que cela concerne aussi bien les cours que l'accompagnement. Selon lui, les jeunes commencent à réfléchir à créer une entreprise dès un très jeune âge, chose qui a été observée au sein même de l'UM6P. Il attribue ceci au fait que la génération actuelle s'inspire des success stories (Steve Jobs, Mark Zuckerberg) qu'elle voit à travers le monde et se projette dans le futur. Par conséquent, l'université doit préparer et accompagner ces jeunes dans leur parcours mais aussi les confronter à des situations réelles d'entrepreneuriat.