Nous ne sommes plus dans le domaine des idées, des valeurs ou des convictions patriotiques profondes nous sommes dans un «mercato» de l'abjection. Ces derniers temps, notre marocanité est sérieusement interrogée par des pratiques nihilistes multiformes. La dernière forme de cette véritable déviance est vraiment maladive. Elle touche une minorité certes, mais très bruyante de nos compatriotes au Sahara. À la question : Qui es-tu ? Ils répondent : Combien tu donnes ? Une tournure très lucrative de ce que j'appelle le patriotisme conditionnel. Cela est, actuellement, polarisé par un contexte régional marqué par la pression algérienne – un acte d'État - sur le Sahara marocain. La frontière entre l'Unionisme et le séparatisme est malheureusement devenue strictement marchande. Nous ne sommes plus dans le domaine des idées, des valeurs ou des convictions patriotiques profondes nous sommes dans un «mercato» de l'abjection. Un jeune Sahraoui privé du calamiteux programme des Achbals qui consistait à salarier et à payer des jeunes sans exiger d'eux qu'ils travaillent devient séparatiste. Un chantage éhonté. Privé d'une rente de situation, il devient opposant c'est-à-dire en sémantique locale, il se met au service des mercenaires en attendant de le devenir lui-même. Un notable sahraoui unioniste fonctionne de la même manière. Alors que tous ses réseaux tribaux sont cassés, son influence réduite aux acquêts, sa corruption étalée au grand jour, il met en avant sa virtuelle capacité de nuisance et exige de Rabat -c'est ce qu'ils ont fait récemment lors d'une tournée scandaleuse- le maintien, le développement et l'élargissement d'un état d'exception économique local qui ferait de certains habitants des provinces sahariennes de véritables parasites vivant sur le dos d'un effort national de développement lourdement supporté par les autres Marocains. C'est à l'État marocain de veiller à l'égalité de tous les citoyens. Y compris face à l'adversité. Quand on se met à marchander l'État de droit, il n'y a plus de droit et il n'y a plus d'État. Pour le Maroc entier, la marocanité du Sahara est le fait d'une nation. Celle-ci est capable de la défendre à tout prix car on ne peut faire commerce de son intégrité territoriale. Et cela ne peut plus passer par le soutien factice de quelques notables calculateurs et retors qui ont créé un fonds de commerce juteux sur l'exploitation de notre sentiment national et de la cause sacrée qui le fonde. Le Maroc a créé des monstres au Sahara, ceux-là mêmes qui désespèrent actuellement une partie de la jeunesse en la poussant à l'impasse du séparatisme. Il va falloir désormais qu'il leur coupe la tête à ces monstres. Tout système qui s'effondre parce qu'il n'a pas été construit sur des valeurs et des principes est amené un jour à manger ses propres enfants «illégitimes» . Ce jour est peut-être arrivé…