Professeur de droit international et fin connaisseur de l'affaire du Sahara, Mohamed Moatassim pense que le départ d'Alvaro de Soto est regrettable. Aujourd'hui Le Maroc : Pensez-vous qu'en nommant Alvaro de Soto au Moyen-Orient, Kofi Annan a cédé aux pressions algériennes ? Mohamed Moatassim : Ecoutez, il est difficile de faire toute spéculation aujourd'hui. Il est vrai qu'Alvaro de Soto était critiqué par l'Algérie et le Polisario. Il était accusé d'avoir une vision beaucoup trop marocaine. En fait, il s'est tout simplement documenté sur l'affaire et sur ses aspects historiques et juridiques. C'est ainsi qu'on ne peut que regretter son départ. Mais de là à prétendre que c'est le fruit de pressions algériennes, c'est un peu prémédité. Mais vous rappelez bien que l'Algérie et le Polisario ne voulaient pas de lui dans cette affaire… A mon avis, il faut attendre la nomination du nouvel envoyé personnel du secrétaire général pour juger. Toutefois, il serait légitime de constater que le départ d'Alvaro De Soto coïncide avec l'arrivée de Mohamed Bedjaoui à la tête de la diplomatie algérienne. Nous attendons pour voir quelle sera la position de ce nouveau ministre dans l'affaire du Sahara. Mohamed Bedjaoui ayant présidé la délégation algérienne à La Haye à l'occasion de l'avis consultatif de la CIJ. Pensez-vous que Kofi Annan veut laisser l'Algérie et le Maroc régler, seuls, leur problèmes ? C'est tout à fait possible. Si le prochain représentant du secrétaire général de l'ONU se contentera d'un rôle purement administratif, cela signifiera qu'Annan veut se dessaisir de l'affaire. Mais encore une fois, il faut attendre le prochain envoyé pour pouvoir s'avancer.