Neuf mois après sa nomination en tant que représentant du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Alvaro de Soto a été nommé à un autre poste par Kofi Annan. Une décision qui renforce la thèse d'un désengagement progressif des Nations Unies de ce conflit artificiel. Alvaro de Soto n'est plus représentant du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara. Kofi Annan vient de lui assigner une nouvelle mission. La nouvelle a été annoncée, samedi 7 mai. "Le Secrétaire général a informé le Conseil de sécurité de son intention de nommer M. Alvaro de Soto au poste de Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et de Représentant personnel auprès de l'Organisation de libération de Palestine et de l'Autorité palestinienne", a annoncé un communiqué du porte-parole de M. Annan. Le communiqué ajoute que "M. de Soto assumera ses fonctions immédiatement de manière à accompagner le Secrétaire général à la réunion du Quatuor qui doit se tenir le 9 mai à Moscou". De Soto succède ainsi à Terje Roed-Larsen qui a occupé ce poste d'octobre 1999 à décembre 2004 et qui est à présent chargé du suivi de la mise en oeuvre de la résolution 1559 du Conseil de sécurité qui demande "le retrait de toutes les troupes étrangères notamment les troupes syriennes, du Liban et le démantèlement des milices armées dans ce pays". Avec cette nouvelle mission, M. de Soto se voit débarrassé du dossier du Sahara auquel, il n'aura consacré que neuf mois. Rappelons que le désormais ex-représentant personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara avait accédé à ce titre en août 2004. Auparavant, il occupait le poste de représentant spécial pour le Sahara avec un rang de Secrétaire général adjoint. Diplomate de carrière, puisqu'il a assumé plusieurs hautes responsabilités au sien du ministère péruvien des Affaires étrangères avant de rejoindre l'ONU. Appelé à s'occuper du dossier du Proche-Orient, M. de Soto devra être remplacé, dans les prochaines semaines par un nouveau représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara. Ce poste désormais vacant mais qui semble n'intéresser personne. En effet, depuis la démission du prédécesseur d'Alvaro de Soto, le diplomate américain, James Baker, Kofi Annan semble avoir du mal à trouver un diplomate capable d'assumer la responsabilité du dossier du Sahara. Certains observateurs expliquent cette situation par le fait que l'ancien secrétaire d'Etat américain "avait épuisé toutes les voies de solution pour résoudre ce conflit, mais il n'a pas réussi à débloquer la situation". Rappelons que M. Baker avait démissionné de son poste de représentant spécial des Nations Unies pour le Sahara après avoir passé sept années à tenter de parvenir à une solution au conflit artificiel provoqué autour de la question du Sahara marocain. Nommé en 1997 au poste de représentant personnel de Kofi Annan au Sahara, l'ancien secrétaire d'Etat américain avait proposé trois voies de solution qui n'avaient pas abouti notamment pour les obstacles dressés par le front Polisario et l'Algérie. Ainsi, après avoir conclu à l'impossibilité de la réalisation du fameux plan d'autodétermination qui consistait en la préparation d'un référendum, il avait tenté une médiation entre les parties concernées pour trouver une solution politique. C'est ainsi, qu'il proposa un projet d'accord-cadre basé sur la création, dans le cadre de la souveraineté du Royaume du Maroc sur ses provinces sahariennes, d'une autonomie élargie. Ce plan connu comme "le plan Baker I" avait reçu l'aval du Maroc, mais a été catégoriquement rejeté par le pouvoir algérien et donc par le Polisario. En réaction à ce plan, l'Algérie ira jusqu'à proposer le partage du territoire en 2002. Une proposition qui avait révélé à l'opinion publique internationale le vrai visage d'Alger et ses visées expansionnistes dans la région. En 2003, M. Baker proposera un nouveau plan de règlement de la question du Sahara marocain. Il s'agit du plan dit “Baker II” et qui propose la création d'une autonomie élargie au Sahara pour une période de cinq ans suivie de l'organisation d'un référendum d'autodétermination sur le statut définitif du territoire. Un plan qui a été rejeté par le Maroc. Ce rejet a été justifié par le Maroc par le fait qu'il s'agit d'un retour au plan d'autodétermination que le propre James Baker avait jugé inapplicable, deux ans auparavant. En revanche, le Maroc avait réaffirmé son attachement à une solution politique négociée entre les deux parties au conflit à savoir Rabat et Alger. Pour le Royaume, une solution viable pour résoudre définitivement le conflit artificiel doit respecter la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. Il considère ainsi que le projet de référendum est "obsolète et inapplicable". Outre le fait que l'ancien diplomate américain ait épuisé toutes les voies de solution, le départ de M. De Soto s'explique selon certains analystes par le fait que sa nomination avait été rejetée par l'Algérie. En effet, dès sa nomination, le pouvoir algérien et ses acolytes polisariens avaient laissé entendre leur désapprobation de sa nomination. Alger ira même jusqu'à annoncer, quelques mois plus tard, par la voie de son représentant à l'ONU, qu'elle est contre sa nomination. En tout cas, la destitution par le secrétaire général de l'ONU d'Alvaro de Soto avant même de lui trouver un successeur et le dernier rapport onusien sur la question laissent entendre que l'organisation internationale chercherait à prendre ses distances avec ce conflit et à réduire son rôle au contrôle du cessez-le-feu entre les deux parties. En outre, le secrétaire général appelle à une solution politique négociée entre Rabat et Alger étant donné qu'il s'agit de l'unique voie capable de mettre fin au blocage qui marque ce dossier depuis plus de trente ans. La balle est désormais dans le camp algérien.