L'accident qui a fait, le samedi 30 avril, sept morts et 4 blessés graves sur un passage à niveau à Guercif pose de nouveau le problème de la sécurité de ce point de rencontre entre le rail et la route. Il est temps pour l'ONCF de réflechir à une solution sécurisante. Sept personnes ont été tuées et quatre autres blessées dans une fourgonnette heurtée par le train "El Maghrib Al Arabi" reliant Casablanca à Oujda, à un passage à niveau non gardé à la sortie de Guercif, vers Oujda. Le spectacle est horrible. Cadavres mutilés. Membres éparpillés. Du sang partout. Le train a fauché, samedi 30 avril à l'aube, une fourgonnette transportant des ouvrières agricoles pour se rendre dans les champs. Selon un communiqué de l'Office national des chemins de fer (ONCF), cet accident est dû à "l'inobservation, par le chauffeur de la fourgonnette, de la signalisation routière implantée à demeure". Les blessés ont été évacués par la protection civile sur les hôpitaux de la région. Cet accident soulève, encore une fois, le problème des passages à niveau un peu partout. Force est de constater la prolifération de passages à niveau gardés et non gardés, dans les plus grandes villes du Royaume, comme dans ses plus petites bourgades. Selon l'Office, il existe actuellement un peu moins de 600 passages à niveau. A cet effet, le directeur central des infrastructures de l'ONCF, Mohamed Semouni, affirme que "la sécurité aux passages à niveau est érigée depuis huit ans environ en grande priorité par l'Office". Il est devenu urgent d'encourager la fermeture de ces passages à niveau, intersection entre la voie ferrée et la route. En dehors de tout accident, l'Office a donc réalisé un travail de recensement de l'ensemble des passages à niveau, dans le but de les supprimer un à un. Le classement a été effectué selon des critères bien déterminés, ayant trait à la densité du trafic dans le passage, son emplacement (zone urbaine ou rurale), la vitesse de passage des trains, le nombre d'accidents antérieurs, etc. "La stratégie de l'ONCF a consisté en l'amélioration des passages à niveau et leur transformation en ouvrage", explique Mohamed Semouni. En clair, il s'agira d'éviter aux véhicules et aux piétons de traverser la voie ferrée en construisant ce que les techniciens de l'ONCF appellent les "ouvrages de franchissement", c'est-à-dire soit un pont, soit un passage souterrain. Compte tenu du nombre extrêmement élevé de passages à niveau, l'Office est incapable, surtout financièrement, de fermer l'ensemble de ces passages en un seul coup. C'est la raison pour laquelle l'ONCF a décidé de traiter cas par cas, chacun de ces passages. Ainsi l'année dernière, l'Office national des chemins de fer a procédé à la fermeture d'environ une vingtaine de passages à niveau. "Par conséquent, le nombre de passages à niveau est actuellement en nette décroissance", poursuit le directeur central des infrastructures de l'ONCF. Pour rappel, la solution de facilité a toujours été l'ouverture de passages à niveau. L'Office accordait le droit de passage de manière quasi-systématique. "Aujourd'hui, l'ONCF a voulu finir avec cette tradition qui n'engendre, en définitive, que davantage de pertes en vies humaines", explique Mohamed Semouni. Un élément important dans cette stratégie: l'implication de l'ensemble des partenaires de l'Office dans la réalisation des ouvrages de franchissement de la voie ferrée. Ces partenaires ne sont autres que les conseils communaux et le ministère de l'Equipement. "L'Office a conclu, dans le cadre de cette approche participative, plusieurs conventions avec des communes pour la réalisation des travaux", ajoute Mohamed Semouni. Il s'agit soit de partager (50%-50%) les frais de construction des ouvrages de franchissement, soit de trouver d'autres formules. C'est le cas de la convention déjà signée avec la commune de Ksar Lakbir, ou celle en cours de finalisation avec la mairie de Casablanca. En tout cas, l'ONCF traite au cas par cas l'ensemble de ces partenariats. Pour ce qui est des nouvelles voies de chemin de fer, en l'occurrence les lignes de Tanger-Med et Taourirt-Nador, Mohamed Semouni a été on ne peut plus clair: "Il n'est pas question d'ouvrir ne serait-ce qu'un seul passage à niveau". En guise de conclusion, le directeur central des infrastructures a assuré que l'ONCF manifeste continuellement son souhait de signer des conventions avec les communes concernées et surtout de les réaliser afin d'éradiquer, une fois pour toutes, l'ensemble des passages à niveau.