Vingt-neuf personnes ont été tuées, samedi, dans un accident de la route près d'Imintanout dans la région de Marrakech. L'accident est survenu lorsqu'un autocar est entré en collision avec deux véhicules. Ce n'est pas la première fois qu'un voyage par autocar se transforme en rendez-vous avec la mort. Le scénario est invariable. Un autocar entre en collision avec un véhicule ou dévie de la route. Bilan : des dizaines de morts. Samedi matin, vers 8h 30, vingt-neuf personnes ont péri et 30 autres ont été blessées dans une collision entre un autocar en provenance d'Agadir, un camion semi-remorque et un grand taxi. L'accident s'est produit sur une route du Haut-Atlas, dans la localité dite Foum Jrana, près d'Imintanout. Selon des sources de la Protection civile, citées par la MAP, l'accident est survenu quand le chauffeur de l'autocar a voulu effectuer un dépassement périlleux dans un virage. Il est entré en collision avec le camion et le taxi qui venaient en sens inverse. Vingt-sept passagers de l'autocar ont trouvé la mort, ainsi que deux passagers du grand taxi. Un carnage. SM le Roi Mohammed VI a donné ses instructions aux autorités compétentes pour venir en aide aux familles éplorées et assurer le transfert des blessés. Ces derniers, dont certains sont grièvement touchés à la tête et au dos, ont été transportés à l'hôpital universitaire Mohammed VI de Marrakech et calui de Chichaoua. La situation de cinq d'entre eux est désespérée, selon un médecin. Les autorités judiciaires ont ordonné l'ouverture d'une enquête pour déterminer les causes de l'accident et établir les responsabilités. Dans un communiqué, le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Marrakech pointe déjà du doigt le responsable: «Il paraît, d'après les premières constatations, que le dramatique accident de la circulation est essentiellement dû à l'excès de vitesse». Excès de vitesse par-ci, état du véhicule par-là… Tout le monde s'accorde sur les raisons qui rendent nos routes parmi les plus meurtrières au monde, sans qu'aucune mesure draconienne ne soit prise pour que le voyage par autocar ne ressemble plus à un aller simple vers la mort. À preuve, le nombre d'accidents d'autocars enregistrés ces deux derniers mois. Mardi 17 août, sept personnes ont été tuées sur la route principale reliant Casablanca à Sidi Bennour via Oulad Abbou. Vingt autres personnes ont été blessées. L'accident a été provoqué par la collision entre une voiture et un autocar. Mercredi 4 août, un accident provoqué sur la route reliant Kénitra à Sidi Kacem par la collision entre une semi-remorque et un mini-bus a fait douze morts et 19 blessés. Dimanche 4 mai, dix-sept passagers d'un autocar ont été tués dans un accident survenu sur l'autoroute Casablanca-Rabat. La liste est longue… et jusque-là, rien n'a été entrepris pour l'écourter. Les accidents de la route tuent quotidiennement 10 personnes en moyenne au Maroc et coûtent 11 milliards de dirhams par an, soit 2,5% du produit intérieur brut, à l'économie du pays. Il est évident que dans le sinistre record des 10 personnes tuées quotidiennement, les autocars tiennent un grand pourcentage. Personne n'ignore pourtant les conditions dans lesquelles travaillent ces transporteurs. Etat du véhicule désastreux, pneus souvent lisses, un seul chauffeur pour enfiler des centaines de kms sans se reposer. Et ceux qui sont censés les contrôler font preuve d'un laxisme étonnant. Les compagnies régulées, comme la CTM, respectent les normes de sécurité. Et les résultats sont parlants : elles ne prennent pas part à la tuerie des routes. Ces mêmes normes devraient être imposées à tous les transporteurs. Un cahier des charges, applicable pour tous, est de rigueur. Ceux qui ne le respectent pas devront être sévèrement sanctionnés. On a bien criminalisé l'habitat insalubre, il est temps de criminaliser les accidents de la route. Beaucoup de vies en dépendent.