Le capital humain et la nécessité de le préserver sont au cœur de «la machine de guerre contre la Covid-19». Après 3 mois de crise sanitaire, le dernier webinaire organisé par BDO Maroc dans le cadre de son cycle de sensibilisation vient mettre en exergue une sorte de radioscopie à 360° confirmée par un panel représentant des secteurs-clés, à savoir l'industrie automobile, l'offshoring, la finance, les nouvelles technologies et l'éducation. L'objectif à l'issue de cette série de webinaires est de porter des recommandations à l'échelle nationale ; un impératif au redressement de l'entreprise marocaine, gravement impactée par la pandémie. Les détails. BDO Maroc vient de clôturer sa série de webinaires destinés à apporter les éclairages utiles à une situation exceptionnelle. Objectif : analyser l'impact de la crise sous toutes ses facettes et fournir, rapidement, un livre blanc destiné à l'entreprise, pour qu'elle puisse traverser la crise, en adoptant les meilleures attitudes. Saisir les opportunités dans un moment de crise est, également, à garder en vue. Dans le feu de l'action, certaines ont réussi à le faire, soit dans le cadre d'une reconversion de métier, soit dans une ouverture de capital ou encore dans un processus d'accélération de la transformation numérique… Les choix diffèrent selon les secteurs d'activité. Mais ce qui est sûr et ce qui ressort à la lumière des différents webinaires (voir encadré), c'est que le capital humain et la nécessité de le préserver sont au cœur de «la machine de guerre contre la Covid-19». L'intelligence collective est nécessaire. Elle détermine la capacité de résilience dont peuvent faire preuve une équipe, un manager, un leader. C'est dans un tel contexte et après trois mois de crise sanitaire que le dernier événement de la catégorie vient mettre en exergue une sorte de radioscopie à 360° confirmée par un panel représentant des secteurs-clés, à savoir l'industrie automobile, l'offshoring, la finance, les nouvelles technologies et l'éducation. Et c'est Fathia Bennis, présidente de Maroclear, qui a ouvert le débat pour signaler que la Bourse de Casablanca s'est plutôt bien comportée les deux premiers mois de crise, contrairement à celles des places boursières étrangères pour ne citer que la Bourse de New York. Cela dit, les cultures sont différentes et l'impact aussi. L'ancienne directrice de la Bourse de Casablanca le précisera en effet. Elle citera des exemples emblématiques d'introduction boursière qui ont démontré que l'entrepreneur marocain n'est pas suffisamment sensibilisé à la démarche de spéculer sur les marchés… Sur un tout autre registre et sous sa casquette de présidente de l'association Wimen Tribune, la représentante du dépositaire central des valeurs mobilières rappellera la nécessité de replacer la question du genre dans le contexte post-Covid-19. «Les femmes ont été fortement engagées et impliquées lors de cette crise qu'il s'agisse dans le foyer ou dans leur activité professionnelle. Et cette crise a démontré, également, qu'un seul revenu n'est plus suffisant pour faire vivre un ménage…». Le message est clair. La présidente de Maroclear signalera au passage, également, que le télétravail pourra faciliter l'inclusion professionnelle des femmes. Les enjeux sont réels quand on sait qu'elle représente la moitié de la population. Une bonne transition dans le débat, en somme, à Youssef Chraibi, président du groupe Ousourcia dont la décision de maintenir cette forme de travail à distance dans ses équipes a été largement plébiscitée à travers les réseaux sociaux et la presse. La crise sanitaire lui a permis de faire de la contrainte principale une opportunité compte tenu de la nature des activités du groupe positionné dans l'offshoring. «En quelques semaines, nous avons déplacé 90% des collaborateurs chez eux en les équipant. Nous avons constaté une augmentation de la productivité et de la performance à la grande satisfaction des clients qui avaient émis des réserves au départ. Aujourd'hui, 60% ont demandé de rester en télétravail après le confinement, ce qui nous a conduits à fermer un centre à Casablanca. Nous sommes en train de travailler le cadre légal et nous avons également expliqué aux collaborateurs que leur décision n'avait pas de caractère irréversible», témoigne le manager. Les avantages du télétravail sont multiples et à en croire le représentant d'Outsourcia, plusieurs entreprises sont en train de réfléchir à instaurer ce mode de travail dans la continuité. Les résultats de l'enquête LMS RH & Organisations avait, par ailleurs, démontré que 70% des collaborateurs étaient favorables au télétravail. Tout converge… Au niveau de l'enseignement supérieur, le télétravail a également bien été reçu. C'est en tous les cas des équipes de l'Emlyon Business School Africa. «Nous avons tous basculé en télétravail et les enseignements se sont, tout suite, effectués à distance à travers la plateforme. Aujourd'hui, les étudiants nous réclament de maintenir certains cours à distance car ils se sont mieux sentis. Une démarche a été enclenchée par rapport à la proposition de nouveaux modèles de e-learning. La Covid-19 est bel et bien venue bousculer tous les modèles pédagogiques», explique, à juste titre, Mourad El Mahjoubi, DG Emlyon Business School Africa. Les opportunités à saisir sont réelles à ce niveau. L'agilité des têtes pensantes devra s'imposer et devenir le catalyseur du changement. Un changement qui ne pourra pas se faire sans nouvelles technologies. Et c'est bien dans ce sens que Hicham Iraqi Houssaini, DG de Microsoft Maroc, rappellera que la firme américaine a lancé, dès le départ de la pandémie, l'application Teams pour accompagner les entreprises et ce, à titre gratuit pendant 6 mois. Aujourd'hui, il s'agira de faire de la sortie de crise un accélérateur de la transformation numérique. Pour Juliane Furman, DG Europe Polydesign System Exco Automotive Solutions, les préoccupations sont autres. Les opportunités également. «Certains opérateurs dans l'automobile se sont, en effet, tournés vers le Maroc compte tenu de la fermeture de plusieurs concurrents dans les pays de l'Est. Le Maroc devra jouer sa carte de proximité avec l'Europe», déclare la manager, basée à Tanger et qui évolue dans un secteur plutôt destiné aux hommes… Là encore, la question du genre est à valoriser car les femmes ont démontré leurs performances lors de la crise. Bref, en sa qualité de président de l'Ordre des experts-comptables, Amine Baakili, DG de BDO Maroc, avait rappelé, dès le début de l'événement, que l'impact de la crise est important. Les secteurs les plus touchés sont le tourisme, l'automobile, le textile et l'habillement ainsi que l'immobilier. L'expert en finances précise aussi que le Maroc a également été impacté par la crise européenne. Les chiffres ont largement été médiatisés. Et c'est dans ce sens que la démarche de BDO est de mettre en place une série de recommandations sur la base de l'existant pour accompagner les entreprises dans leur sortie de crise. Il s'agit pour l'entreprise de faire les choix judicieux et étudier sa capacité d'endettement avant. L'ouverture du capital, le crowdfunding sont des options à étudier avant d'opter pour des formules bancaires classiques… Et ce sont tous ces paramètres que le manager devra étudier. Le livre intégrera les principales recommandations nécessaires à la sortie de crise. La série de webinaires a en effet ciblé les principales problématiques, ce qui permettra un aboutissement d'un travail le plus proche de la réalité du terrain. Les dés sont jetés. Il s'agira de remettre les indicateurs au vert et reconsidérer les priorités managériales. Le capital humain étant au cœur de la stratégie nationale. D'une pierre deux coups, la problématique liée à la fuite des cerveaux sera en partie solutionnée… Une autre opportunité !