Dans une interview accordée au quotidien Acharq Al Awsat du mardi 27 mai 2003, Mohamed Fizazi signale aux intégristes radicaux les cibles potentielles à frapper. Il pointe du doigt, notamment, 2M, Ittihad Ichtiraki, Al Ahdat Al Maghribia, le Parlement, les ports et les aéroports. Un appel au meurtre qui tombe sous le coup de la loi. Et si l'imam de Tanger est le commanditaire des attentats criminels qui ont endeuillé Casablanca le 16 mai 2003 ? Une question plus que légitime du moment que Mohamed El Fizazi, tente de justifier des actes barbares et des attentats criminels. L'imam installé à Tanger, connu depuis des lustres pour ses prêches incendiaires, ses fetwas d'apostasie contre tout ce qui n'est pas intégriste, ses menaces sans foi ni loi contre tout ce qui est marocain normalement constitué, ne va pas par quatre chemins pour dire son accord avec les actes du 16 mai. Interviewé par notre confrère Achark Al Awsat, il récuse toutes les interprétations données jusque-là. Pour lui, les interprétations de certains responsables marocains sont à rejeter. «Nous ne sommes pas en train de trouver les motifs de ce qui s'est passé. Nous sommes obligés de l'expliquer. Et l'explication est simple : si ceux qui ont commis les actes en question visaient les Marocains, ils auraient pu s'attaquer aux marchés ou aux immeubles d'habitation. Ou des terrains de foot, entre autres lieux où il y a la foule. Ce n'était pas le cas. Si l'objectif était de porter atteinte au processus démocratique, le Parlement aurait été pris pour cible. Si au contraire les infrastructures et donc le développement du pays étaient visés, on aurait attaqué un aéroport par exemple. Cela ne s'est pas produit. Tout comme on n'a pas voulu toucher aux symboles de la liberté, autrement, ils auraient pu faire exploser la deuxième chaîne de télévision comme étant une chaîne de prostitution ou encore les journaux Al Ahdath Al Maghribia et Al Ittihad Al Ichtiraki. Au contraire, ce qui a été visé, ce sont les intérêts israéliens et cela rentre dans le cadre de la guerre ouverte contre l'Occident. » Tout est dit ou presque dans cette phrase assassine qui appelle ouvertement à la haine et au meurtre. Ceci étant, la majorité des victimes sont des Marocains. À cette remarque, voire ce constat, le sieur Fizazi répond le plus cruellement du monde : «Oui, la majorité des victimes était des Marocains. Combien étaient-ils ? Quarante, trente ? Les commanditaires auraient pu tuer des centaines, voire des milliers de Marocains s'ils avaient fait exploser un marché bondé à Casablanca ». Certes, l'imam Fizazi parvient après moult essais et après des tentatives de tous genres de faire des concessions : il qualifie les actes du 16 mai d'actes terroristes. On serait même tenté de le remercier. À moins que nos remerciements riment avec de l'apostasie. Répondant à une question relative à ses relations avec la Salafiya El Jihadia, M. Fizazi souligne qu'il s'agit là d'une invention des services de la police. « Il n'existe pas de groupe ou d'organisation appelée Salafiya El Jihadia avec un émir et un organigramme. Il y des personnes qui préfèrent ce nom, rien que ce nom, sans plus. Quant à mon appartenance au groupe Attakfir Wal hijra, cela fait rigoler en premier lieu les flics qui savent que je n'appartiens pas à un tel groupe. Je suis enseignant retraité.» M. Fizazi qui essaye de se présenter sans appartenance quelconque ne manque pas de dire toute sa haine au gouvernement et à tout ce qui est en relation avec. « Je suis très critique vis-à-vis du gouvernement. Je n'arrête pas de le faire sans être inquiété ». Mais M. Fizazi inquiète bien les gens paisibles par ses appels aux meurtres, par son interprétation erronée et sanguinaire des attentats de Casablanca. Erronée parce qu'elle ne repose sur aucun fondement idéologique ou autre. Sanguinaire puisque sans vergogne, il dit que le bilan est léger et aurait pu aisément être dix, voire cent fois plus lourd. Le problème, c'est qu'il ne s'agit pas d'une question de bilan. Le problème, c'est que la vie d'un Marocain est chère. Le problème, c'est un problème de principe. Etes-vous oui ou non contre la barbarie ? Et là, vous le dites sans ambages, vous êtes pour le fanatisme… Mohamed Fizazi craint que la gauche tire au profit des attentats pour bloquer l'avancée des Islamistes. « Les mouvements islamistes vont pâtir des attentats. Mais surtout, ils vont subir la loi des organisations de la gauche qui n'hésitent pas à s'attaquer aux Islamistes et à l'Islam avec ou sans raison. Et cette fois-ci, elles ont de quoi attaquer les Islamistes, avec pour moyen de convaincre, les dizaines de morts des attentats. Les courants gauchistes vont certainement tout faire pour laisser les Islamistes sur le carreau, notamment lors des prochaines élections. » Il s'agit fort possible d'une analyse politique pour le moins élémentaire. Sauf que là, le registre ne s'y prête pas. Il s'agit de morts, de dizaines de morts innocents. Il s'agit d'éviter que cela ne se reproduise. Et d'abord de condamner sans détours les attaques contre les innocents. Les calculs électoraux, c'est une autre paire de manche. Une manche à laquelle ne doivent prendre part que ceux qui y croient vraiment…