Les cinq syndicats opérant dans le secteur de la Santé publique (CDT, UMT, UGTM, FDT et UNTM) maintiennent leur appel à la grève, malgré la satisfaction de leurs revendications. Les syndicats du secteur de la Santé semblent cracher sur la soupe. Ils snobent pas moins de 200 millions de DH, de quoi financer plusieurs projets de logements sociaux, dont le Maroc a énormément besoin. Lundi dernier, lors d'une réunion tenue au siège du ministère de la Santé à Rabat, le gouvernement a proposé aux cinq syndicats une panoplie de mesures répondant à quasiment toutes leurs revendications. Mais la réunion, à laquelle a participé Mohamed Ibrahimi (Primature) ainsi que des représentants des ministères des Finances et de la Modernisation des secteurs publics, s'est soldée par un échec total. Les syndicats ont maintenu leur grève. En clair, la CDT, la FDT, l'UGTM, l'UMT et l'UNMT ont fait preuve d'une intransigeance inédite, plaçant de facto les négociations dans une grave impasse, au grand dam des patients Marocains qui souffrent depuis plusieurs mois des grèves à répétition dans ce secteur vital. Le package que le gouvernement a proposé aux syndicats est on ne peut plus fourni. Tout d'abord, la prime de garde et d'astreinte que les syndicats revendiquent depuis des années a été accordée à environ 25% des professionnels de la Santé (c'est normal car une garde est assurée par une minorité et pas par l'ensemble du personnel médical). Selon le ministère de tutelle, tous les hôpitaux locaux et les centres de santé du pays sont concernés par cette mesure. La prime variant entre 400 et 500 DH par mois. Une prime de responsabilité fait également partie du package. Quant à la prime de spécialité, le gouvernement Jettou a accordé aux professionnels concernés une augmentation non négligeable: la prime passe de 2.750 DH à 4.000 DH, soit une hausse d'environ 50%. Aussi, pour la première fois dans l'histoire des négociations entre l'Etat et les syndicats de la Santé publique, le dossier des grades des médecins a été ouvert. Le gouvernement a accepté, malgré les contraintes budgétaires, de créer un nouveau grade, au-delà de l'hors grade, baptisé "Médecin général" ( à ne pas confondre avec médecin généraliste). Pour ce qui est des mutations, le département de Cheikh Biadillah a annoncé sa volonté sincère de "mettre de l'ordre" dans ce dossier qui fait régulièrement grincer les dents aux syndicalistes. C'est ainsi que toutes les mutations seront examinées par une commission qui se réunira une seule fois par an. Pour le dernier dossier, celui des œuvres sociales du ministère de la Santé, le ministre a affirmé qu'une journée d'étude sera organisée au cours du mois d'avril prochain, en présence de tous les syndicats, afin d'établir une réforme de fond dans cet organisme. Toutes ces mesures auront une incidence budgétaire énorme. On ne répètera jamais assez le chiffre de 200 millions de DH. Une enveloppe qualifiée d'insuffisante par les syndicats. Ces derniers semblent préférer la surenchère. D'ailleurs, toutes leurs revendications ont pour dénominateur commun: l'intérêt pécuniaire. Et le droit du citoyen à recevoir un service impeccable et des soins de qualité? Les syndicats ne paraissent pas concernés par ces aspects. Ce qui leur importe le plus, c'est l'équivalence entre leurs diplômes et le doctorat d'Etat. Ainsi que la comptabilisation de la prime de risque dans le panier de retraite. Sur ce dernier point, le Premier ministre en personne leur avait promis de répondre positivement à leur revendication. Toutefois, il a estimé, à raison d'ailleurs, que la prime de risque sera comptabilisée après la réforme des caisses de retraite, c'est-à-dire dans quelques mois, car le chantier est déjà ouvert par le Premier ministre. Si aujourd'hui les syndicats considèrent les 200 millions de DH comme une somme insuffisante, demain cette même enveloppe pourrait être revue à la baisse, car beaucoup la considèrent, en fait, comme "trop importante".