La participation de tous les chefs d'Etat maghrébins et notamment celle de SM le Roi Mohammed VI au Sommet d'Alger et une éventuelle réunion entre les cinq leaders de l'UMA est un événement qui marque le Sommet organisé par Abdelaziz Bouteflika. Le 17ième Sommet arabe dont les travaux ont démarré, mardi 22 mars, dans la capitale algérienne a été marqué par l'absence de neuf chefs d'Etat de pays membres. Plus d'un tiers des pays arabes ont limité leur participation à une délégation présidée par leurs ministres des Affaires étrangères. Il s'agit notamment de l'Arabie saoudite, le Yémen, le Koweït, le Sultanat d'Oman, la Jordanie, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, et le Liban. Cette absence a marqué les réunions préparatoires du Sommet notamment en ce qui concerne certains points qui devaient figurer sur le communiqué final notamment en ce qui concerne les relations avec Israël et sur lesquels il était difficile aux ministres des Affaires étrangères de dégager un consensus en l'absence de leurs dirigeants. Un problème qui a prolongé, lundi, les travaux desdites réunions plus que prévu. Des travaux qui ont été couronnés par la préparation de 16 projets de résolutions qui devront être adoptées par les chefs d'Etat arabes aujourd'hui. La plus importante est celle appelant à la réactivation du plan de paix adopté par le sommet tenu à Beyrouth en 2002. Un plan initialement proposé par le Prince héritier saoudien, Abdellah ben Abdelaziz, et qui consiste en une offre collective de paix et de normalisation des relations avec Israël en contrepartie du recouvrement des droits arabes. Une résolution qui a été entérinée par les dirigeants arabes qui se sont succédé à la tribune lors de la séance inaugurale des travaux du Sommet. Intervenant à cette occasion, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insisté sur la nécessité d'affronter la situation de la nation arabe avec la ferme détermination de conduire des réformes tous azimuts au sein du monde arabe. La réforme des structures et la redéfinition du rôle de la Ligue arabe ont ainsi figuré au cœur du discours prononcé par le Souverain. "Il importe aussi de procéder à un réaménagement judicieux de notre Maison commune qu'est la Ligue arabe, par une coopération renforcée et une solidarité dans l'effort de développement", a souligné SM le Roi. Le Souverain a par ailleurs insisté sur le fait que l'union politique entre les pays arabes ne saurait se faire sans une véritable intégration économique. "La réforme de la Maison arabe passe par sa réorganisation, en redéfinissant la mission de la Ligue arabe, de sorte à assurer à tous ses membres les conditions du développement global et de l'intégration économique, celle-ci étant le socle sur lequel reposent les unions et les rassemblements modernes", a précisé le Souverain. Sachant que les disparités existant entre les systèmes économiques des pays arabes rendent difficile toute tentative de travailler sur un projet global d'intégration économique regroupant tous les membres de la Ligue arabe, SM le Roi a précisé que cette intégration ne doit pas nécessairement concerner, dans sa première étape, tous les pays du monde arabe. "Il n'est pas nécessaire d'exiger d'attendre que la totalité des vingt-deux pays remplissent les conditions de l'intégration souhaitée pour que celle-ci puisse voir le jour. Aussi est-il indispensable de veiller à l'adoption de la coopération renforcée dont le principe repose sur l'encouragement de toutes les initiatives économiques et des rassemblements régionaux, voire les unions sectorielles engageant deux pays ou plus", a dit SM le Roi. Pour le Souverain, c'est l'ensemble de ces initiatives qui formeront les noyaux d'un grand rassemblement régional. "Ainsi se formeront les maillons d'une chaîne cohérente, en prélude à la concrétisation graduelle de l'intégration souhaitée", a expliqué SM le Roi. Parmi ces rassemblements régionaux figure l'Union du Maghreb Arabe (UMA) auquel SM le Roi a réaffirmé l'attachement du Maroc. Un projet qui est toujours bloqué par la persistance algérienne à fomenter le conflit artificiel autour de l'intégrité territoriale du Maroc. Un conflit auquel aucun des chefs d'Etat arabes ne s'est référé lors de la séance inaugurale étant donné que la question du Sahara n'a jamais figuré à l'ordre du jour des Sommets arabes. Toutefois, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, qui fait partie des invités d'honneur du 17ième Sommet arabe, a tenu dans son intervention devant les chefs d'Etat arabes à rappeler que son gouvernement est déterminé à "contribuer à une paix juste et définitive" au Sahara occidental". Qualifiant la question du Sahara de l'un des principaux obstacles au processus d'intégration régionale des pays maghrébins et du développement de l'Union du Maghreb arabe, le chef de l'exécutif espagnol a affirmé que son gouvernement "a voulu aborder dès le début cette question avec une grande dose de responsabilité politique en voulant contribuer activement à la recherche d'une solution juste et définitive à un problème qui dure depuis trente ans". M. Zapatero a par ailleurs ajouté que son gouvernement cherche à apporter sa capacité de médiation entre les parties et les pays voisins pour parvenir à une solution pacifique et consensuelle au conflit. Par ailleurs, les observateurs s'attendent à ce que les chef d'Etat des pays du Maghreb tiennent une réunion en marge des travaux du Sommet arabe afin de s'entretenir sur les moyens à même de relancer le processus d'intégration maghrébine. Une telle réunion, si elle a lieu, sera inscrite à l'actif du Sommet d'Alger. Car, la participation des chefs d'Etat maghrébins a permis au président algérien Abdelaziz Bouteflika de créer un événement dans l'événement ce qui a relégué à l'arrière-plan l'absence de plus d'un tiers des chefs d'Etat arabes.