Les candidats africains à l'immigration clandestine transitent par le Maroc, mais aussi par l'Algérie, le Détroit de Gibraltar et les Iles Canaries. Déterminer d'où ils viennent exactement relève de l'exploit pour ne pas dire de l'impossible. D'où transitent les immigrés clandestins subsahariens, refoulés d'Espagne… au Maroc ? La proximité géographique entre les deux pays et l'image du Maroc en tant que pays «exportateur» de clandestins portent à croire que tous les immigrés d'Afrique subsaharienne passent inévitablement par le Maroc, avant de gagner l'autre rive de la Méditerranée, au risque de s'exposer à l'arrestation, au refoulement et parfois à une tragique noyade en mer, dans l'espoir de gagner l'Europe de leurs rêves. La réalité de l'immigration clandestine est pourtant moins catégorique. Et la seule règle en la matière est que tous les chemins mènent au Sud de l'Espagne. Il est sûr que le Maroc se taille la part de lion en terme du flux de Subsahariens, de plus en plus croissant. Mais les candidats africains à l'émigration quittent leurs pays et se dirigent généralement, et d'abord, vers l'Algérie. C'est à partir de ce pays qu'ils s'infiltrent au Maroc, même si la frontière algéro-marocaine est officiellement fermée depuis 1994. D'ailleurs, on reproche aux autorités algériennes de ne pas se soucier des infiltrations d'immigrés subsahariens au pays. Des immigrés subsahariens auraient été rassemblés en Algérie et placés dans des camions militaires pour se voir abandonnés à leur sort à la frontière algéro-marocaine. Selon des chiffres officiels, la gendarmerie marocaine avait arrêté en 2002 environ 4.400 Subsahariens «dans les principales régions concernées». Ces régions ne sont autres que la frontière algérienne, le nord sur le Détroit de Gibraltar, et Laâyoune, en face de l'archipel espagnol des Canaries. C'est dire qu'avant le Maroc, au moins trois autres points de transit sont à pointer du doigt. Nombreux sont ceux qui parviennent à quitter le pays mais sont interceptés en Espagne. En 2002, 74.000 clandestins ont été renvoyés. Une bonne partie d'entre eux l'a été au Maroc, pays où ces immigrés finissent par s'installer et où ils pratiquent de petits métiers pour survivre. Certains d'entre eux se trouvent acculés à la mendicité dans les grandes villes comme Casablanca et Rabat. Lié avec l'Union européenne par un programme de lutte contre l'émigration clandestine, assorti d'une enveloppe de 40 millions d'euros afin d'assurer un meilleur contrôle par le Royaume de ses frontières, le Maroc est en train de revoir sa législation. Un projet de loi régissant « l'entrée et le séjour des étrangers » ainsi que « l'émigration et l'immigration clandestine », a récemment été adopté en Conseil des ministres.