L'Espagne est la porte d'entrée en Europe. Des milliers de candidats à l'immigration clandestine cherchent à l'atteindre au péril de leur vie. Ni la mort ni les moyens ultra-sophistiqués de surveillance n'entament la détermination de ceux qui fuient la misère du Sud. Pour des millions de personnes, le paradis commence en Espagne. Elles sont déterminées à atteindre, coûte que coûte, ce paradis. Chaque jour, plusieurs personnes cherchent à fuir la misère de leur pays et s'embraquent dans une aventure périlleuse pour rejoindre la rive nord de la Méditerranée. La situation géographique du Maroc en fait la dernière étape avant d'atteindre le pays des rêves. Il ne passe pas une semaine sans que les autorités marocaines ne signalent l'arrestation de candidats à l'immigration clandestine. Des Subsahariens, qui ont traversé des milliers de kms, mais également des Marocains. Peu importe l'état de la barque, peu importe les compétences du navigateur, peu importe le temps qu'il fait, rien ne peut tempérer leur détermination à atteindre les côtes européennes. Dimanche, la Garde civile espagnole a intercepté deux immigrants d'origine maghrébine qui avaient traversé une partie du détroit de Gibraltar à l'aide de bouées. Munis de palmes, les deux hommes ont avancé dans l'eau jusqu'à l'épuisement. Ils avaient aménagé un filet sur deux grosses chambres à air. Ils ont été interceptés tout près de l'objectif : à plus de sept kilomètres de la côte de Tarifa. Le moyen d'embarcation utilisé par les deux hommes en dit long sur la détermination des candidats à l'immigration clandestine. D'autres perdent leur vie et leurs corps sont jetés sur les côtes espagnoles. Samedi, quatre Africains ont trouvé la mort au large de l'île de Fuerteventura lorsqu'ils essayaient de rejoindre la côte dans une «patera» avec trente-six autres immigrés à son bord. Leur mort est très peu dissuasive : elle ne fait pas hésiter ceux qui fuient le Sud pour le Nord. A ce sujet, des centaines de Subsahariens se sont massés dans la forêt du mont Gourougou (12kms de Nador). Ils attendent le passeur qui les aidera, moyennant une somme allant de 10 000 à 20 000 DH, à traverser le détroit. Plusieurs mois peuvent s'écouler entre l'arrivée à cet endroit et l'hypothétique départ vers la rive nord de la Méditerranée. Mais la patience des immigrants n'est pas sans limites. Près d'un demi-millier d'entre eux ont pris d'assaut, dans la nuit du 8 au 9 août, la barrière métallique qui sépare de la ville occupée Melilia du Maroc. Munis d'échelles en bois de fabrication artisanale, les immigrants avaient tenté de déborder par leur nombre la Garde civile espagnole. La péninsule ibérique n'est pas le seul espace que les clandestins cherchent à atteindre. Les Iles Canaries sont aussi une destination très convoitée. De janvier à juillet 2004, environ 3.090 candidats à l'immigration ont été arrêtés dans la seule région la région de Laâyoune. Avec l'annonce de la régularisation de la situation de centaines de milliers de clandestins en Espagne, la détermination des clandestins va encore plus s'affermir. Il ne faut pas s'étonner de voir encore plus d'hommes et de femmes braver tous les dangers. Et rien ne peut stopper leur déplacement vers le Nord, tant qu'ils chercheront à fuir la misère du Sud.