Malgré les rencontres politiques et le récent accord d'Accra, l'anarchie continue de régner, avec son lot de massacres de civils, dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire, notamment dans la localité de Bangolo. Désinformation ou réelle attaque «rebelle» ? Dimanche, de nouvelles violences ont été rapportées dans l'Ouest ivoirien au lendemain d'affrontements qui ont opposé des bandes armées aux forces loyalistes et aux troupes françaises. Cette fois-ci, selon les FANCI, le commissariat de Duékoué a été visé par des hommes armés qui ont tué quatre policiers et blessé trois autres. D'après le lieutenant-colonel Jules Yao Yao, les «éléments rebelles» ont réussi à s'infiltrer dans la ville «en contournant les positions françaises et ivoiriennes». Cette information officielle a pourtant été suivie d'un démenti catégorique des troupes de l'opération Licorne, par le biais du lieutenant-colonel Philippe Perret, qui a déclaré qu'il ne s'était «rien passé» à Duékoué. Il a par contre annoncé la découverte de corps et de «preuves de graves violences à l'encontre de civils», à Bangolo. Cette localité de l'Ouest du pays, désertée par ses habitants, avait été attaquée par des bandes armées non-identifiées vendredi. Les rebelles du Mouvement pour la Justice -qui se partagent la région avec le MPIGO depuis novembre- ont affirmé avoir eux-mêmes repoussé cette attaque sans en préciser les auteurs. Selon eux, les «assaillants» ont tué de nombreux civils qu'ils soupçonnaient de sympathie avec la rébellion. Ousmane Coulibaly, le représentant du groupes a précisé que les victimes étaient surtout des non-Ivoiriens et des Dioulas du Nord, majoritairement musulmans. Elles seraient au nombre de «200 à 300». Chiffres que l'armée française, sur place depuis samedi, n'a pas voulu confirmer, se contentant de parler de «beaucoup de personnes touchées par les violences». Selon le lieutenant-colonel Perret, un rapport doit être communiqué sur ces exactions au Comité international de suivi de la mise oeuvre de l'accord de Marcoussis, chargé d'aider le pays à sortir de la guerre civile. Le capitaine Steve Carlton de la Légion étrangère a, quant à lui, indiqué qu'une centaine d'hommes armés «francophones et anglophones» s'étaient «rendus» samedi au poste de contrôle de son contingent, situé entre Duékoué et Man. Ces hommes sont-ils les auteurs de l'attaque de Bangolo située à une quarantaine de kilomètres de là? D'après le capitaine Carlton, «ils ont été désarmés et placés en détention. Ils sont ici, au camp. Ils se sont présentés comme faisant partie de Lima». Ce nouveau mouvement armé soutiendrait, selon des sources militaires, le gouvernement ivoirien et recruterait parmi des réfugiés libériens vivant en Côte d'Ivoire. Ces affrontements ont en tout cas redoublé au moment où le Premier ministre Seydou Diarra multiplie les rencontres pour former son gouvernement de «réconciliation». Samedi, réunis dans la capitale ghanéenne, les dirigeants politiques et rebelles ivoiriens ont réussi à se mettre d'accord sur le 17 mars comme date-butoir de formation de cet exécutif. L'accord d'Accra va-t-il à son tour faire les frais de la tension actuelle, et devenir une sorte de «Marcoussis bis », comme le prédisent certains observateurs ? «Nous pensons que les progrès accomplis ne seront pas menacés par les combats dans l'Ouest, très localisés », a répondu lundi le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, Albert Tévoedjrè.