Les combats ont repris dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies s'apprêtait à voter la création d'une mission de maintien de la paix dans ce pays. Moins d'une semaine après la signature d'un cessez-le-feu total entre les rebelles et l'armée loyaliste, les combats ont repris jeudi dans l'ouest ivoirien. Ces affrontements particulièrement violents auraient fait une centaine de morts, selon des sources militaires et des responsables locaux. Les FANCI ont d'ailleurs précisé ne pas être impliquées dans ces violences inter-ethniques. Selon elles, les victimes seraient des membres de la communauté Guere, massacrés par des Burkinabés dans la région de Duékoué. Dans la seule journée du 8 mai, au moins 75 personnes auraient été tuées près de cette ville. Le lendemain, 29 autres auraient été massacrées près du village de Toa-Zéo, et 44 autres samedi. Les soldats français, censés surveiller le respect du cessez-le-feu à Duékoué, ont indiqué ne pas avoir d'informations à propos de ces évènements. D'autant que cette importante localité de l'ouest est contrôlée par les forces gouvernementales. Reste que cette zone, où se concentre la production de cacao et où les immigrés – notamment burkinabés – constituaient la majorité de la main-d'œuvre avant le déclenchement de la guerre civile en septembre 2002, est souvent le théâtre d'accrochages. Les relations entre les Gueres et les Burkinabés, qui s'y disputent des terres, sont depuis longtemps difficiles. Depuis le soulèvement rebelle, les Burkinabés ont aussi été accusés de soutenir les trois mouvements du MPIGO, du MPJ et du MPCI. Le président Gbagbo avait même, dès le début de la crise, accusé Ouagadougou d'être derrière la tentative de coup d'Etat. Autant d'éléments qui ont provoqué la fuite de nombreux immigrés – victimes d'exactions - et accentué les tensions inter-communautaires. Face à la persistance des violences et l'instabilité du pays, malgré l'entrée en vigueur de deux accords de paix, celui de Marcoussis signé le 24 janvier et celui d'Accra le 8 mars, le Conseil de sécurité de l'ONU devait voter, mardi, l'envoi d'une mission sur le terrain. Dotée d'un contingent maximal de 76 observateurs militaires, cette mission devait être mandatée pour six mois et baptisée Minuci : la Mission des Nations unies en Côte d'Ivoire. D'après le projet de résolution, les observateurs militaires doivent travailler en concertation avec la force ouest-africaine d'interposition, l'ECOMOG, envoyée par la CEDEAO, et les 4.000 militaires français toujours déployés dans le pays. Cette mission sera également en contact avec l'armée ivoirienne et les mouvements rebelles, qui comptent neuf représentants au sein du nouveau gouvernement de réconciliation nationale dirigé par Seydou Diarra. Favorable depuis longtemps à l'envoi d'une telle force, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a tenté en vain de l'élargir à un contingent de 255 personnes. Mais il a essuyé le refus des Etats-Unis qui ont refusé le coût de cette mission, 27 millions de dollars pour un an. L'ambassadeur de Grande-Bretagne à l'ONU, Jeremy Greenstock, conduira par ailleurs, à partir de jeudi, une délégation du Conseil de sécurité, durant une semaine en Afrique de l'Ouest. Il se rendra au Nigeria, au Ghana, en Guinée, en Guinée-Bissau, et enfin en Côte d'Ivoire, au Liberia et en Sierra Leone.