Nos confrères de l'hebdomadaire «Assahifa», dans leur livraison de cette semaine, semblent très en colère contre les voyages royaux. Ils estiment qu'il y en a beaucoup. On devrait logiquement en déduire que le Souverain leur manque beaucoup pendant ces absences. Mais, me semble-t-il, c'est peu probable. Nos confrères de l'hebdomadaire «Assahifa», dans leur livraison de cette semaine, semblent très en colère contre les voyages royaux. Ils estiment qu'il y en a beaucoup. On devrait logiquement en déduire que le Souverain leur manque beaucoup pendant ces absences. Mais, me semble-t-il, c'est peu probable. Dans leur comptabilité analytique, ils ont pu recenser 40 voyages en quatre ans. C'était suffisant pour que l'adrénaline monte et qu'ils nous livrent un dossier en béton. Quels sont les arguments de nos confrères ? Sont-il recevables ? Sont-ils pertinents ? Ont-ils avancé des thèses journalistiquement et politiquement crédibles ? Je ne parle pas de la légitimité de la démarche -je n'ai pas le droit de la contester à des confrères - elle leur est d'emblée acquise dans un pays où l'expression est libre et le commentaire joyeux. Ensuite -je mets ça avant d'abord pour changer un peu- , ils constatent que le Souverain vient de revenir d'Amérique latine après un long voyage et voilà qu'il repart encore et cette fois-ci en Afrique. Pis, il lui est reproché, entre ces deux périples, d'avoir pris un congé en Républicaine Dominicaine. C'est trop, et pas très régulier. Je suis d'accord avec eux. Dans une démocratie qui se respecte, comme la nôtre, SM le Roi ne peut pas bénéficier d'un congé personnel et privé sans l'accord préalable du directeur de la publication d' «Assahifa». Il y a des procédures et des formulaires pour ça, mais tout cela n'a pas été respecté. Ça mérite au moins un avertissement, avec une copie à Amnesty International et une consignation dans le registre du Conseil de sécurité des Nations unies. D'abord, mes confrères ne sont pas d'accord sur le voyage en Afrique. Normal, ils n'ont pas autorisé la feuille de route avec le choix des étapes, la durée du séjour, et les membres de la suite royale. C'est quasiment un viol de la Constitution, une suspension de la transition démocratique, un coup de canif dans le dos du projet démocratique et moderniste et une transgression de la loi organique qui stipule que le Hajib el Malaki – le chambellan - chargé pertinemment des voyages royaux est, de droit et de fait, le directeur de la publication d' «Assahifa». C'est aussi vrai. L'Etat de droit est fait pour être respecté. Sinon, où allons-nous ? Maintenant, nos confrères vont plus loin dans l'analyse. SM le Roi visite deux fois les mêmes pays. C'est, si j'ai bien compris, deux fois de trop. Et s'il est autorisé à voyager, il devrait aller visiter nos ennemis –comment cela se peut-il ? - et éviter soigneusement les pays amis. J'imagine que, pour visiter les pays ennemis, il faut retirer les cartons d'invitation au service diplomatique du directeur de publication d' «Assahifa». Mieux, pour le Burkina Faso, nos experts en voyages royaux, considèrent que, 9 ans après le retrait par ce pays de la reconnaissance de la RASD, ce voyage n'était pas nécessaire, puisque le travail était fait. L'ennemi était devenu ami, donc négligeable. C'est d'une logique indiscutable. Cela vaut aussi pour le Gabon, le Sénégal, etc. Et, pour finir, les services diplomatiques et plénipotentiaires de la chancellerie de la haute direction de la publication d' «Assahifa» décrètent qu'il faut abandonner les voyages royaux personnels dans lesquels le Souverain s'implique individuellement pour trouver une autre forme de diplomatie. Laquelle ? Peut-être envoyer Sa Sérénissime et Sa Haute Altitude le Directeur de la Publication d' «Assahifa» lui-même faire le job à la place du chef de l'État. Comme ça, au moins, on échappera à l'opprobre universel des «salounates», comme disent mes confrères très inspirés, mais qui devraient, de temps en temps, changer d'air. Un petit voyage, ça ne fait de mal à personne.