Sans conteste, le voyage royal à Al Hoceïma, ville sinistrée, est un test pour la presse internationale venue en nombre couvrir le tremblement de terre. Un test de professionnalisme, de rigueur et d'honnêteté. Sans conteste, le voyage royal à Al Hoceïma, ville sinistrée, est un test pour la presse internationale venue en nombre couvrir le tremblement de terre. Un test de professionnalisme, de rigueur et d'honnêteté. Cette presse a eu accès librement, elle le reconnaît elle-même, et certains confrères nationaux s'en émerveillent avec une innocence enfantine, à tous les espaces du drame. Ils ont été convoyés sur place. Ils ont pu circuler librement. Faire des images. Sonder l'impatience des sinistrés. Mesurer leur colère. Evaluer le retard, pendant les premières heures, dans l'organisation des secours. Voir des pillages de camions. Remarquer la présence des forces de l'ordre. Constater l'enclavement de la ville et son absence de développement. Bref ils ont tout vu, tout rapporté et tout commenté. Tout cela est normal. Il n'y a pas de quoi en faire un fromage. Ni se congratuler en faisant état innocemment comme un enfant émerveillé (sic) d'une gestion transparente de ce drame, y compris dans ces insuffisances, alors que ce n'est que la «norme» qui prévaut partout dans le monde quand le monde est normal. Nos confrères internationaux et les spécialistes sur place peuvent en témoigner. Maintenant, où est le problème ? Le problème est que cette presse pour amortir, «professionnellement», son voyage veut des images fortes. Du feu, du sang, des larmes, des émeutes, de l'anarchie, du vandalisme… On ne fait pas monter l'audimat avec des fêtes de patronage ou un jamboree de scoutisme. On peut les comprendre. Alors, quand l'action n'est pas au rendez-vous, on se branche sur Radio Rumeur. On développe avec du conditionnel et on chute avec l'impératif. Et ça, c'est mortel et ça met très mal à l'aise. Le journaliste, certainement un débutant qui confond allègrement Imzouren et Tora Bora, qui commente pour France 2 le séisme d'Al Hoceïma, restera comme le plus médiatisé des sinistrés de drame. Il commence par annoncer l'arrivée du Souverain avant l'heure. Ensuite, il s'indigne du retard de cette visite comme si le Cabinet royal avait passé un contrat d'exclusivité avec lui. En attendant, il monte en épingle l'impatience des sinistrés et la lenteur de la mise en place des aides. Après, il justifie le retard (!) de la visite royale avec les faits qu'il a montés, effectivement, en épingle. Quand la visite royale est annoncée à J+4 (un record sous tous les cieux), il s'inquiète pour nous avec un élan de sincérité qui force l'estime de l'audimat en s'interrogeant sur la nature de l'accueil qui sera réservé à SM le Roi en parlant d'un test de popularité. Le Roi arrive. L'émotion est forte et l'accueil des populations est formidable. Le pauvre gars perd son sang-froid. «La population qui attendait le Roi de pied ferme lui a, semble-t-il, réservé un accueil chaleureux.» Le «semble-t-il» est un aveu d'échec de quelqu'un de très déçu par des faits qui lui ont donné tort. C'est lamentable. Et le «pied ferme» c'est celui avec lequel on a envie, furieusement, de lui botter le derrière. On n'a pas envie de demander à Arlette Chabot, la nouvelle directrice de l'information de France 2, des excuses. Elle vient d'arriver. Mais à l'avenir, elle doit se méfier de ce blaireau, certainement un élève de David Pujadas. Cela lui évitera les mêmes problèmes que son prédécesseur Olivier Mazerolles. C'est tout, sauf que France 2, par la faute d'un amateur a raté le test. Elle n'aura pas, avec cette couverture, un point de plus que TF1 à 20 heures et elle ne fera pas oublier à ses téléspectateurs la ridicule couverture de l'affaire Juppé. Il sera dit que la rédemption de la rédaction de cette chaîne ne passera pas par Al Hoceïma.