Contrairement à plusieurs mis en cause qui comparaissent devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, Saïd, vingt-six ans, ne clame pas son innocence, comme s'il regrettait son acte qui a coûté la vie à son ami, il avoue son crime les larmes aux yeux. «Je n'arrive pas à concevoir comment j'en suis arrivé à le tuer», balbutie-t-il. Tous deux célibataires et chômeurs, ils étaient des amis inséparables. Leurs voisins n'ont également jamais imaginé que leur relation se termine ainsi. Certes, ils sont deux drogués, ivrognes, agressifs, mais envers les autres et pas entre eux. «C'est la fatalité», déclare, amer, Saïd devant les trois magistrats pour décrire ce qui est arrivé entre lui et son ami. Aussitôt, le président de la Cour lui fait remarquer que ce n'est pas la fatalité qui lui a demandé de se droguer et d'égorger son ami comme un mouton. Ne sachant quoi répondre, Saïd garde le silence. Il se souvient parfaitement du jour du crime qui remonte à huit mois. Il était en compagnie de son ami, Hassan, âgé de vingt-six ans. Ils étaient tous les deux sous l'effet de la drogue et de l'alcool quand ils ont engagé une conversation à propos de leurs relations amoureuses. «Il m'a traité de proxénète», explique Saïd à la Cour tout en ajoutant : «J'entretenais une relation amoureuse avec une prostituée qui me prenait en charge. Elle me donnait de l'argent pour subvenir à mes besoins». La conversation a cédé la place aux coups de poing avant que Saïd ne saisisse un couteau et égorge son ami. Sans quitter la scène du crime, il a attendu les limiers qui n'ont trouvé aucune difficulté pour avoir les aveux de Saïd. Verdict : Jugé coupable pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, Saïd a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle.