Mohamed parait très calme dans le box des accusés à la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. D'une voix basse que l'assistance n'arrivait pas à percevoir, il répondait aux questions des trois magistrats. Ses voisins qui sont venus pour assister à son procès disaient de lui qu'il était très violent, qu'il criait même quand il discutait d'un sujet banal avec quelqu'un et que personne n'a échappé à sa violence. Ses voisins essayaient de l'éviter au maximum, surtout quand il est sous l'effet de la drogue ou de l'alcool ou les deux à la fois. Mais, le voilà en ce jour du mois de juin dans le box des accusés, poursuivi pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. «Je n'avais pas l'intention de le tuer, M. le président», a-t-il balbutié. Est-ce vrai ou faux ? C'est ce que les trois magistrats cherchaient à établir en interrogeant, avec plus de détails, le mis en cause qui avoue son crime. Il a affirmé à la Cour qu'ils étaient, lui et la victime, en train de se soûler quand son compagnon s'est mis à l'insulter et le traiter de proxénète. «Il m'a dit que je poussais ma sœur à se prostituer avec des jeunes dans le centre ville, contre des sommes d''argent qu'elle me versait… ». En effet, ils étaient deux amis qui ont vu le jour dans le quartier Moulay Rachid. Ils jouaient ensemble. Ils ont même fait leurs études primaires dans la même école avant d'embrasser, ensemble et en même temps, la délinquance. Tous les deux ont purgé quelques peines d'emprisonnement pour trafic et consommation de drogue et pour vol simple. Mais, en fin de compte, l'un a tué l'autre. «Nous étions très intimes, mais il a dépassé les limites, dernièrement», a-t-il ajouté à la Cour. Mohamed lui a donné un coup de poing. «Je voulais juste qu'il s'arrête de m'insulter, seulement il s'est saisi d'un couteau», a-t-il précisé. Mohamed a reculé. Mais, son adversaire ayant perdu tout contrôle a avancé vers lui essayant de le poignarder. «À ce moment, je me suis arranger pour lui arracher le couteau que je lui ai planté au niveau de la poitrine. Je n'avais pas l'intention de réagir ainsi», a-t-il expliqué à la Cour. Mais, dans le dossier de l'affaire, c'est tout le contraire de cette version que les magistrats avaient lu. Il y est notifié que Mohamed était armé depuis qu'il a quitté chez lui avec l'intention de tuer son ami qui le traitait toujours de proxénète. Et pourtant la Cour a pris en considération ses déclarations et a requalifié la poursuite d'homicide volontaire pour qu'il soit transformé en coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et le présumé a été condamné à douze ans de réclusion criminelle.