Le dernier attentat-suicide de Riad place à nouveau l'Arabie Saoudite, un allié hautement surveillé par Washington, au centre des préoccupations américaines en matière de terrorisme. L'évolution du Royaume wahhabite est en effet suivie avec une attention particulière par l'Administration Bush après les attentats du 11 septembre 2001, dont la quasi-totalité des auteurs était d'origine saoudienne. Le commanditaire lui-même, Ben Laden, est aussi d'origine saoudienne. Depuis, l'opinion et une bonne partie de la classe politique américaines n'ont cessé de stigmatiser l'attitude jugée louche du Royaume, soupçonné d'être un allié et une importante source logistique pour les terroristes. L'Arabie Saoudite est accusée d'avoir passé un «pacte avec le diable» en apportant protection et financement à l'Islam wahhabite, afin de se protéger de sa menace. C'est pourquoi,Washington reste très méfiant vis-à-vis de Riyad, tout en étant très préoccupé par son éventuelle déstabilisation. Signe de ce dilemme cornélien, l'Administration Bush n'avait toujours pas réagi officiellement dimanche, vingt-quatre heures après l'explosion. Le Département d'État s'est contenté de signaler l'existence de « quelques » Américains blessés sans gravité dans l'attentat et de prodiguer des consignes de prudence à ses ressortissants dans ce pays. Tout en estimant que le Royaume pouvait mieux faire pour débusquer les terroristes et assécher leurs réseaux de financement, les responsables américains ne ratent aucune occasion pour rappeler le renforcement de la coopération bilatérale de lutte contre les extrémistes. La menace terroriste reste constante dans ce pays où les dépenses engagées par les activistes islamistes extrémistes sont évaluées à 500 millions de dollars, révèlent des sources saoudiennes bien informées. «Cette somme a été établie à partir de la valeur des armes et des explosifs saisis suite aux rafles et arrestations opérées ces derniers mois, en y ajoutant les coûts estimés des déplacements de terroristes, des télécommunications et de la logistique», précisent ces sources. Outre l'argent généré par le trafic de drogue et les sommes ramassées par le biais d'institutions de charité et autres œuvres caritatives, les Américains dénoncent le versement par des élites saoudiennes, membres de la famille royale, fondations institutionnelles et banques, de millions de dollars à des extrémistes par le truchement d'un réseau de ressortissants saoudiens vivant à l'étranger. Mais, il faut rester prudent et faire la part des choses. Le gouvernement saoudien était-il au courant de ce qui se tramait pour financer le terrorisme islamique international? La diffamation est devenue monnaie courante en ce qui concerne le Royaume saoudien. On pense qu'elle est orchestrée par le lobby sioniste aux Etats-Unis. L'objectif étant de compromettre les bonnes relations qui existent depuis toujours entre Washington et Riyad et la coopération croissante entre les deux pays dans leur lutte contre le terrorisme. Le but non avoué d'Ariel Sharon et des colons étant notamment d'empêcher l'Administration américaine de tenir compte de la revendication saoudienne qui, par la voix du Prince héritier, l'Emir Abdullah, pressait le président George W. Bush d'œuvrer pour la création d'un État palestinien souverain. Le lobby sioniste n'hésite pas à tisser des mensonges et fabriquer de toutes pièces des rapports diffamatoires, ciblant spécialement l'Arabie Saoudite. C'est un travail de sape dont les capacités à influencer les hautes sphères de l'Administration Bush sont énormes. Leur action ne cesse de porter préjudice à la crédibilité de la diplomatie américaine. Dans l'immédiat, la menace reste la nébuleuse terroriste et les attentats meurtriers qui ciblent prioritairement des civils pour maintenir la terreur. Un membre de la Commission du Sénat américain a indiqué que son instance a été informée que de nouveaux attentats étaient programmés en Arabie Saoudite et dans l'ensemble de la région. Washington avant envoyé avant même le dernier attentat de Riyad des signaux d'alarme, en annonçant notamment à l'avance la fermeture de son ambassade à Riyad dès samedi, en affirmant que des menaces d'attentats étaient passées de la phase de la conception à celle de l'exécution.